Deux bébés naissent d'ovocytes congelés
Ils s'appellent Jérémie et Keren, font 3,2 et 2,8 kilos, et sont nés aujourd'hui à l'hôpital Antoine Béclère de Clamart, dans les Hauts-de-Seine. Comme de bien entendu, la maman et les jumeaux se portent bien.
_ Sauf que ces enfants ne sont pas tout à fait comme les autres : ils sont nés à partir d'ovules congelés. C'est une première en France. Elle est le fait du professeur René Frydman, celui-là même qui avait donné naissance au premier bébé-éprouvette français, en 1982.
Une première en France, mais pas dans le monde : plusieurs centaines d'enfants sont déjà nés après congélation d'ovules... mais la loi l'interdit, en France.
_ Plus précisément, le professeur Frydman explique que “la loi autorise, dans des conditions de risque de perte de fertilité pas bien définies, à préserver des ovocytes par congélation, mais pas avec la méthode la plus performante (la vitrification, ou congélation ultra rapide) sous prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l'embryon”.
Et le professeur n'y va pas de main-morte : “la vitrification (congélation ultra-rapide) - qui a déjà permis à des enfants de naître à l'étranger - reste interdite en France du fait d'un imbroglio juridico-politique et idéologique qui a mis notre pays en retard dans l'innovation thérapeutique par rapport à l'ensemble des autres pays”.
Pour ne pas se mettre hors-la-loi, le professeur Frydman a donc utilisé la congélation lente. Mais pousse ce coup de gueule pour, dit-il, “secouer le cocotier”, “éclaircir une situation législative qui n'est pas claire”.
Pour lui, c'est clair, la congélation d'ovocytes est un développement de la Fécondation in vitro “qui permet de préserver la fertilité de la femme, particulièrement en cas de traitement anti-cancéreux susceptible de l'altérer. Elle ouvre aussi la possibilité de créer une banque publique d'ovules congelés en vue du don, comme il existe des banques de sperme.”
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