On vous présente la "comète du diable", visible avec de simples jumelles

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Image d'illustration représentant la comète 12P/Pons-Brooks, surnommée la "comète du diable", qui est visible dans le ciel de la Terre tous les 71 ans, et qui l'est actuellement dans l'hémisphère jusqu'au 21 avril 2024. (PAULINE LE NOURS / FRANCEINFO)
La comète 12P/Pons-Brooks, de son nom savant, ne se présente dans les environs de la Terre que tous les soixante-et-onze ans.

Elle n'est pas aussi spectaculaire que la comète de Hale-Bopp, qui a brillé dans le ciel pendant plusieurs mois en 1997, mais elle a de quoi émerveiller. La "comète du diable", aussi appelée 12P/Pons-Brooks, est visible sous nos latitudes en ce début de printemps. Franceinfo vous présente cette visiteuse lointaine que l'on ne voit que tous les soixante-et-onze ans. Cette boule glacée, qui est comme toutes les comètes un vestige de notre système solaire, devrait être facilement observable à partir du 28 mars et jusqu'à mi-avril en début de soirée, avec de simples jumelles.

Elle a été découverte par un Français

La comète 12P/Pons-Brooks a été découverte par Jean-Louis Pons en 1812 à l'observatoire de Marseille. Celui qui avait été embauché comme concierge dans l'établissement a fini par devenir astronome, puis directeur adjoint de l'institution. Reconnu internationalement, Jean-Louis Pons a été l'un des découvreurs de comètes les plus prolifiques de l'histoire.

Surtout, l'objet observé par Jean-Louis Pons en 1812 a été retrouvé de façon indépendante par l'Américain William Brooks en 1883, soit soixante-et-onze ans après. Il a alors pris les noms de ses deux découvreurs, même si, en réalité, de premiers signes d'observation de cette "comète du diable" remontent au XIVe siècle, en Chine et au Japon.

Elle a un noyau plus gros que la moyenne

Les comètes ont en moyenne un noyau de 10 km de diamètre. Selon les dernières estimations, celui de 12P/Pons-Brooks mesure 30 km, remarque Nicolas Biver, astronome à l'Observatoire de Paris et président de la commission des comètes de la Société astronomique de France. Trente kilomètres, c'est également deux fois plus que la célèbre comète de Halley, souligne-t-il.

"Elle doit faire partie des dix plus grosses comètes que l'on connaît actuellement."

Nicolas Biver, astronome

à franceinfo

La queue de la comète "n'est pas hyper étendue" mais se déroule tout de même sur quelque 50 millions de kilomètres, soit "un tiers de la distance de la Terre au Soleil", remarque Nicolas Biver.

Elle doit son surnom à deux cornes

La comète du diable est connue pour ses sursauts. Elle est en effet le théâtre d'explosions, qui font varier nettement sa luminosité, ou changent la forme de sa "chevelure". C'est ce qui est survenu fin 2023 lorsqu'elle s'est retrouvée avec deux traînées ou mèches. Certains ont cru voir deux cornes, ce qui lui a valu le surnom de "comète du diable". Mais les sensibilités sont différentes et certains ont plutôt identifié la silhouette du Millenium Falcon, célèbre vaisseau de la saga Star Wars.

A quoi sont dus ces sursauts ? "Nous ne le savons jamais vraiment. C'est propre à chaque comète. C'est lié à leurs caractéristiques singulières, répond Nicolas Biver. Il faudrait aller voir sur place." "Nous avons toutefois des hypothèses, avance-t-il. Est-ce qu'une zone plus riche en glace s'expose périodiquement de façon plus importante au Soleil, provoquant ces bouffées de poussières ? Cela arrive presque tous les quinze jours. Ou est-ce lié à la forme du noyau ? S'il est parfaitement sphérique, il ne se passe rien de spécial. S'il a une forme très accidentée, il est possible que des morceaux se détachent, engendrant ces sursauts lumineux."

Elle a une chevelure verte

Au-delà des paréidolies, c'est-à-dire ce que peut évoquer la forme de la comète, 12P/Pons-Brooks fait le bonheur des photographes qui scrutent sa couleur verte.

"C'est quelque chose de bien connu, lié à la présence de certains composés dans l'atmosphère de la comète, notamment le dicarbone, introduit Nicolas Biver. Ce n'est pas vraiment une molécule : elle a déjà été cassée par le rayonnement solaire." Lors de ce procédé est créé un élément "qui vient probablement de l'acétylène". Or ce dernier est de couleur verte. "C'est ce que l'on constate lorsque l'on pratique une soudure avec de l'acétylène", souligne l'astronome.

Elle est visible à côté de Jupiter

Après une fenêtre de visibilité au début du mois de mars, la comète du diable doit de nouveau être facilement observable entre le 28 mars et jusqu'à mi-avril, selon Nicolas Biver. Pour mettre toutes les chances de votre côté, rendez-vous dans un lieu éloigné de la pollution lumineuse, loin des villes. Un ciel dégagé est évidemment indispensable.

"Il faut un horizon ouest/nord-ouest très bien dégagé", car à la nuit tombée, la comète ne devrait pas être très haute dans le ciel, insiste Nicolas Viber. Pour la voir, il faudra d'abord trouver Jupiter, la plus grosse planète du système solaire, facilement visible à l'œil nu. La comète sera alors juste à côté de Jupiter. Pointez cette planète en tendant le bras, puis fermez votre main : la comète doit être à un poing d'écart de Jupiter, sur la droite.

"Avec des jumelles – des verres de 5 cm de diamètre sont nécessaires – vous pourrez voir une petite tache et éventuellement un bout de la queue la comète", assure l'astronome. La comète du diable passera ensuite du côté de l'hémisphère sud à partir du 21 avril. Après cela, il faudra attendre l'an 2095 pour la revoir.

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