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Onze vaccins obligatoires au 1er janvier 2018 : "L'aluminium dans les vaccins représente une goutte d'eau"

Alors que huit vaccins supplémentaires deviennent obligatoires à partir du 1er janvier, les professionnels de santé font face à la méfiance d'une partie de la population. Ils se sont réunis peu avant Noël pour défendre cette vaccination élargie. 

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Au 1er janvier 2018, onze vaccins sont obligatoires pour les bébés. (Photo d'illustration) (MAXPPP)

Le 1er janvier 2018 a marqué l'entrée en vigueur de nouveaux vaccins : désormais, les bébés recevront onze injections au lieu des trois obligatoires jusqu'ici. Ces vaccins devront être faits pour qu'un enfant soit admis en crèche ou inscrit à l'école. Les vérifications commenceront au 1er juin. Au traditionnel DTP - diphtérie, tétanos et poliomyélite - s'ajoutent les injections contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l'héptatite B, la bactérie haemophilus influenzae (source de méningites), le pneumocoque et le méningocoque C. Selon le ministère de la Santé, 70% des enfants de moins de deux ans recevaient déjà les injections correspondant à ces 11 vaccins. 

Des médecins et chercheurs renommés se sont réunis le vendredi 22 décembre à l'université Paris Descartes pour défendre cette vaccination élargie. Ils doivent faire face à une méfiance de la part des Français. Plus de quatre Français sur dix (41%) estiment en effet que les vaccins ne sont pas sûrs, selon une grande enquête internationale menée à l'automne 2016 dans le cadre du Vaccine Confidence Project.

Entre 4 et 5 milligrammes d'aluminium par bébé

"Les vaccins, une chance pour nos enfants" : c'était le thème retenu pour cette conférence de presse. Les professionnels de santé assurent que la vaccination permet d'éviter des drames. "Les vaccins ça marche", martèle Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine en 2008, co-découvreuse du VIH et directrice de recherche émérite à l'Inserm.

Deux à trois millions de décès dus à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche et à la rougeole ont pu être évités par an grâce aux vaccins.

Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine en 2008

à franceinfo

Mais face à l'évidence des chiffres, les professionnels sont confrontés à la méfiance, notamment sur la présence d'aluminium dans les vaccins. "L'aluminium dans les vaccins représente une goutte d'eau. Avec tous les vaccins obligatoires, un bébé reçoit entre 4 et 5 milligrammes au total d'aluminium. Ce n'est rien", assure Liliane Keros, immunologiste et virologue. "Au passage, il n'y a pas d'aluminium dans le vaccin ROR", poursuit celle qui est également expert auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'élimination de la rubéole et de la rougeole. 

La protection transmise par la mère est insuffisante

Les anti-vaccins s'appuient régulièrement sur une forme d'immunité transmise par la maman à son bébé au cours de la grossesse. "La protection naturelle ne suffit pas parce que, même si un bébé est protégé, temporairement mais très partiellement, par les anticorps qu'il a reçus de sa mère pendant la grossesse ou par l'allaitement maternel, ces mesures naturelles sont largement insuffisantes", explique Alain Fischer, pédiatre, chercheur en immunologie, coordinateur de la Concertation citoyenne sur la vaccination.

En effet, les anticorps maternels, "transmis pendant le dernier trimestre de la grossesse", restent peu de temps dans le corps du bébé. Toutes les trois semaines, l'enfant perd la moitié de cette protection. "Cet effet est partiel, transitoire et si en plus la maman elle-même n'a pas été protégée comme il faut, elle peut n'avoir rien transmis du tout."

Le grand public déboussolé

Malgré tous les arguments développés par les scientifiques, un anti-vaccin reste sceptique et s'empare du micro en plein conférence. "Vous dites des contre-vérités", assène-t-il. "Vous désinformez." "Ça me désole", réagit Françoise Barré-Sinoussi. "Je suis scientifique alors je ne crois qu'aux publications qui ont fait leurs preuves."

Elle reconnaît cependant qu'il n'est pas possible d'empêcher le scepticisme autour de la vaccination. "J'ai eu plusieurs fois le cas dans mon entourage. Des gens vont consulter un médecin qui leur dit 'Il faut absolument que vous vous fassiez vacciner'. Ensuite, ils consultent un autre médecin qui dit 'Si vous voulez mais ce n'est pas forcément nécessaire'. Après le grand public ne sait plus quoi faire." Mais pour elle, aucune hésitation à avoir : "Allez-y, la question ne se pose même pas." Elle assure que c'est une question d'évaluation des risques par rapport au bénéfices. "Il n'y a aucun médicament qui n'a aucun risque."

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