Des débuts difficiles pour le "sport sur ordonnance"
Trois fois par semaine, Nicolas suit des cours de boxe avec un coach. À 43 ans, ce patient atteint d'hémophilie ne pensait pas pouvoir pratiquer ce sport très intense. "C'est inespéré ! Je n'ai pas mal, je prends du muscle, je me défoule… je m'éclate !", explique-t-il.
En plus de l'hémophilie, Nicolas souffre de nombreux handicaps. Il est atteint de dysphasie, une difficulté à parler et à comprendre les consignes, et présente des problèmes d'équilibre et de coordination. Mais son coach s'adapte. Et les progrès sont palpables : "Il y a un bénéfice santé. Je prépare ma vieillesse dans de bonnes conditions. Peut-être que dans l'avenir, j'aurai moins besoin de soins ou a une fréquence plus basse", affirme-t-il.
Nicolas fait partie des patients qui bénéficient du dispositif de "Sport sur ordonnance". Depuis le 1er mars 2017, les médecins peuvent prescrire à leurs patients atteints d'une affection de longue durée (ALD), comme le diabète, le cancer, Parkinson… des séances d'exercice physique adapté. Problème, ces séances ne sont pas remboursées par l'Assurance maladie. Nicolas le reconnaît, il n'aurait pas pu s'offrir des cours de boxe s'il n'avait pas "mis de l’argent de côté". Pour de nombreux malades chroniques, l'absence de prise en charge reste une barrière infranchissable.
Des médecins peu informés sur ce dispositif
C’est une des principales critiques figurant dans les conclusions de la mission d’information du député de Moselle Belkhir Belhaddad (LRM), rendues publiques fin janvier. "Je préconise que la solidarité nationale et donc la Sécurité sociale prennent en charge une partie des séances. Ça me semble important pour notamment gommer les inégalités territoriales un peu partout en France", affirme le député.
Autre frein à ce dispositif, le manque d’information du corps médical. Nicolas, lui, a eu la chance d'être suivi par un médecin qui lui a prescrit ces séances de sport adapté. Mais ils sont encore peu nombreux à le faire. "Pour faire la synthèse de toutes les difficultés du patient, il faut beaucoup de temps. Il faut explorer les champs de la médecine habituelle notamment cardiovasculaire, mais aussi l'appareil locomoteur et puis après il y a l'interaction avec les structures qui vont faire ces séances…", explique le Dr Laurent Winkler, médecin du sport à l’hôpital Hôtel-Dieu, à Paris (AP-HP).
Il n'y a pas encore de chiffres officiels sur le nombre de personnes pratiquant le sport sur ordonnance. Mais avec onze millions de malades en affection longue durée (ALD), le dispositif pourrait encore largement se développer.
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