Une "prime" pour les services d'urgences qui réorientent certains patients vers les généralistes
Des patients qui attendent pendant des heures, des équipes débordées... Depuis des années, c'est le même constat : beaucoup de services d'urgences sont saturés. Leur fréquentation augmente de 3% chaque année. Le député LREM de l'Isère et rapporteur général du projet de budget de la Sécurité sociale, Olivier Véran estime que la tarification à l'acte est à l'origine de cette dérive.
"Plus vous avez de patients qui arrivent par les urgences, plus l'hôpital va avoir du financement. Or, un patient qui n'est pas grave, par exemple une otite, ne va pas coûter cher en terme de prise en charge. Il ne va pas prendre longtemps aux urgentistes. Ce patient, l'hôpital n'a pas envie de le perdre entre guillemets, parce qu'il va rapporter aux urgences de quoi financer des prises en charge plus lourdes et plus longues".
Le député propose d'inciter les urgences à renvoyer les cas les moins graves vers les médecins de ville. A chaque patient réorienté, l'hôpital recevra une prime. Une proposition jugée aberrante par le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l'AMUF (Association des Médecins Urgentistes de France). "L'activité des urgences, c'est le soir et le week-end, au-moment où les cabinets sont fermés. Donc ce n'est pas à ce moment-là qu'on peut renvoyer les patients vers le médecin traitant".
La mesure ne convainc guère les médecins généralistes, qui peinent déjà à prendre en charge tous leurs patients. Les députés ont pourtant adopté mercredi en commission l'amendement. Interrogée cette semaine sur sa pertinence, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, y a vu "une bonne idée".
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