Urgences à plus de 30 minutes de chez soi : une réalité pour 3,9 millions de Français
Selon un dossier de la Drees sur les déserts médicaux, 3,9 millions de Français résident à plus de 30 minutes "d'un service d’urgence (SU) ou de services mobiles d’urgences et de réanimation (SMUR)". Si l'on prend en compte la possibilité de recours aux hélicoptères de la Sécurité civile et du SMUR ou l'intervention des médecins correspondants du Samu (MCS), un peu plus d'un millions de personnes restent concernées.
Les zones pour lesquelles les soins urgents sont les moins accessibles "sont souvent situées en moyenne montagne ou dans un environnement où les déplacements sont difficiles" note les auteurs du dossier. Un peu moins de la moitié (46%) "des habitants des espaces ruraux isolés de l'influence des pôles urbains" seraient ainsi concernés, les régions les plus touchées étant la Corse, la Martinique, la Bourgogne-Franche-Comté et la Guyane.
Les "petits et moyens pôles urbains" et "les couronnes urbaines de grands pôles" ne sont pas épargnés, avec respectivement 13% et 5% de leurs habitants éloignés des urgences.
Quelle est l'étendue des déserts médicaux ?
Autre enseignement de l'étude, 8 % de la population "résident dans une commune sous-dense en médecins généralistes", où le nombre de consultations accessibles chaque année pour chaque habitant est inférieur à 2,5 (contre une moyenne nationale de 4,1 consultations par an et par habitant).
Les Antilles-Guyane, la Corse, l'Auvergne-Rhônes-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté et l'Ile-de-France sont les plus touchées.
Entre 2012 et 2015, la population concernée a légèrement augmenté, mais l'accessibilité des zones déjà sous-denses au début de la période s'est très légèrement améliorée.
Enfin, si 4 personnes sur 5 ont accès à une pharmacie dans leur commune de résidence,"environ 1,6 million de personnes", vivent à plus de 10 minutes de l'officine la plus proche, en particulier dans les régions montagneuses ou très rurales.
Seulement 0,5% de la population cumule des difficultés d'accès aux généralistes, aux urgences et aux pharmacies, 13,6% connaissant au moins une des trois.
Un scenario qui pourrait empirer
La démographie vieillissante des médecins et les aspirations des jeunes "concourent à une diminution probable des effectifs libéraux", et "fait craindre un accroissement des inégalités territoriales d'accès aux soins", souligne la Drees.
Dans une autre étude, elle relève que sans évolution de la législation et des comportements, le nombre de médecins (généralistes et spécialistes) en activité devrait être "quasiment stable entre 2016 et 2019 (-0,4%), puis repartir à la hausse dès 2020", notamment grâce aux installations de médecins diplômés à l'étranger, en particulier pour les spécialistes.
Mais l'exercice libéral exclusif devrait "poursuivre son déclin, au profit du salariat et de l'exercice mixte". Les femmes représenteront 60 % des médecins en exercice en 2034 contre 44% actuellement. "Jusqu'en 2025, les effectifs de médecins augmenteraient moins que les besoins de soins de la population", vieillissante.
avec AFP
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