Quand le froid s'abat sur les sans-abris
Selon les associations, des milliers de personnes en France seraient en danger, faute d’hébergement disponible. Mardi soir dans les rues de la capitale, il fait à peine 2 degrés. La nuit s’annonce glaciale et de la neige est même attendue dans les heures qui viennent. Une épreuve de plus pour ceux qui dorment dehors. Le Samu social est en alerte. Dès 20 heures, la maraude commence. Huit camions sillonnent les rues de la capitale pour venir en aide aux sans abri. Un passant vient d’appeler le 115, le numéro d’urgence. Un homme est allongé devant un immeuble. Une équipe va à sa rencontre.
L’homme a fait une demande d’asile et doit bientôt partir pour l’Italie. Il veut rester dehors. L’équipe n’insiste pas. Aurélia Aubert, travailleuse sociale, Samu social de Paris : « Le but final, ce n’est pas forcément un hébergement à tout prix. C’est vraiment de voir ce dont la personne a besoin, de pouvoir évaluer sa situation au mieux. Et en fonction de ça, de respecter sa décision d’aller ou pas en hébergement. »
Ce soir-là, comme très souvent, très peu de lits sont encore disponibles. La maraude permet surtout de créer du lien avec les personnes, même si c’est parfois difficile.
Vérifier que la personne respire encore
Au fur et à mesure de la soirée, la météo se dégrade encore. L’équipe doit voir au plus vite un maximum de sans-abri. Sous ces couvertures, un homme peut être endormi. Justine, l’infirmière, veut s’assurer qu’il va bien : « Mon rôle en tant qu’infirmière, c’est de vérifier que la personne respire tout simplement, et de vérifier que la personne est bien couverte. On ne la réveille pas. En fait, en rue, c’est vraiment très difficile de s’endormir. Donc on essaye de privilégier le sommeil des personnes. » L’homme n’est pas en danger. L’infirmière n’intervient donc pas. Pour cet autre sans abri, l’équipe dépose délicatement un sac de couchage, le tout sans le réveiller. Il faut éviter à tout prix que la température du corps baisse trop… « Les risques d’hypothermie sont très importants. C’est pour ça qu’on surveille, on lui met une couverture de survie. Si la température a du mal à remonter et qu’on n’a pas de place d’hébergement. On emmène à l’hôpital parce que c’est trop dangereux. Il y a trop de risques. »
Emmanuel, lui, ne dort pas. Malgré le froid polaire, il ne veut pas aller dans un centre d’hébergement. Toute sa vie tient dans une tente. Guillaume lui apporte tout de même un peu de réconfort. Guillaume Brams, chauffeur accueillant social, Samu Social de Paris : « Je lui ai donné un café et quelques vêtements pour qu’il ait un peu chaud quand même, des gants, bonnet, écharpe, sous vêtement aussi.. C’est très demandé. Et une bouteille d’eau. » Emmanuel ajoute : « Heureusement, qu’ils sont là. Autrement, on serait dans la merde. »
La maraude s’achève vers 5 heures du matin. Ce jour-là, près de 500 personnes n’ont pas obtenu de places d’hébergements, malgré une demande faite au 115.
Si vous voyez une personne dans la rue, vous pouvez appeler le 115 pour qu'une maraude passe la voir. Pour soutenir l'action du Samu social de Paris, rendez-vous sur l'application Samusocial, ou sur le site du Samu social.
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