Le captagon, une drogue aux effets secondaires sévères
Comme toutes les amphétamines, le captagon agit sur certains neurotransmetteurs, des molécules qui permettent au cerveau d’être plus efficace. Quand cette substance pénètre les neurones, elle libère une grande quantité de dopamine et de noradrénaline.
Selon Jean-Paul Tassin, neurobiologiste à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), "la noradrénaline va augmenter la vigilance et les facteurs de concentration. La dopamine, elle, va intervenir sur le circuit de la récompense. En le stimulant, elle va vous donner l'impression que vous êtes bien, que tout va bien...Vous n'avez pas peur, pas faim, pas soif… Vous ne risquez rien, y compris la mort."
Un sentiment de bien-être, de toute puissance presque, dont témoigne un jeune homme, filmé en Jordanie il y a quelques mois par Julien Fouchet pour le site Spicee : "C’est sur le champ de bataille que c’est efficace. Le combattant peut prendre 5 ou 6 balles, il ne les sent pas. Il devient invincible. Il est rempli de bravoure. Il n’a plus peur de la mort".
Prendre des stimulants pour combattre : le phénomène n'est pas nouveau. Déjà, pendant la Seconde Guerre mondiale, les amphétamines sont utilisées par certains soldats américains, allemands et britanniques. Selon le Dr Xavier Laqueille, psychiatre addictologue, elles suppriment "le sentiment de fatigue. Vous n'avez pas besoin de dormir. Il y a un sentiment d'hyper vigilance, et puis il y a ce petit effet de stimulation psychique. On se sent un peu supérieur, ce qui augmente l'agressivité."
En France, le captagon a été utilisé légalement contre la narcolepsie, l'hyperactivité, mais aussi comme coupe-faim ou antidépresseur. Mais, il a été interdit dans les années 1970. A forte dose, il peut avoir des effets secondaires psychiques très sévères, comme en témoigne le psychiatre Xavier Laqueille :
"Il existe des complications d’ordre psychiatrique qui sont une réactivation des angoisses avec des bouffées de panique. Quand les amphétamines sont prises de façon assez régulière, il peut y avoir des dépressions très résistantes et très difficiles à soigner à l’arrêt. Et puis surtout, il peut y avoir, même lors de prises isolées, des décompensations délirantes avec des délires, des thèmes mystiques... qui sont très teintés de ce qui caractérisent les amphétamines, c’est-à-dire l’agressivité."
Le captagon est une drogue assez facile à fabriquer et son commerce est très rentable. La Syrie serait devenue le principal pays producteur. Vendredi 20 novembre, près de 11 millions de comprimés de captagon ont été saisies par la police au sud de la Turquie, près de la frontière syrienne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.