Ils refusent de faire vacciner leur enfant
Si Mickaël n'a pas pu rejoindre son épouse, militaire, mutée au Gabon, c'est à cause d'un refus de vaccination. Mickaël a refusé de faire vacciner son fils, âgé de 19 mois, contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Tant que ce DTP n'est pas réalisé, le médecin refuse de vacciner l'enfant contre la fièvre jaune – condition du départ au Gabon.
Mais le couple reste ferme. "Je ne vais pas prendre des risques pour des maladies qui n'existent plus, ou sont peu fréquentes", justifie Mickaël. "Quand on fait la balance bénéfices/risques, on voit que les bénéfices tombent à zéro et que le risque tend vers l'intolérable... J'ai peur des effets indésirables, des encéphalites, de la mort subite du nourrisson, des décès, des cas d'autisme, d'asthme…"
Pourtant, selon l'Organisation Mondiale de la Santé, les manifestations post-vaccinales graves sont extrêmement rares.
Aujourd'hui, Mickäel ne peut quitter le territoire, car il est poursuivi pour refus de soumettre son enfant à l'obligation vaccinale. Selon le Code de la santé publique, "les vaccinations antidiphtériques, antitétaniques, antipoliomyélitiques sont obligatoires avant 18 mois, sauf contre-indication médicale reconnue". Le non respect de cette obligation peut conduire à deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. Mais depuis 2008, le DTP seul n'est plus commercialisé : d'autres vaccins qui ne sont pas obligatoires sont associés.
Une position extrémiste
Pour ne pas faire vacciner leur enfant, de nombreux parents cherchent sur Internet des médecins prêts à faire de faux certificats. C'est le cas de Marc Vercoutère, ancien médecin homéopathe et président de l'Association "Liberté Information Santé". Il n'a jamais vacciné un seul enfant et a été interdit d'exercer par l'Ordre des médecins à cause notamment de ses positions anti-vaccinales. Pourtant, aujourd'hui encore, malgré des poursuites judiciaires, il délivre des certificats de contre-indication. "Ces certificats de contre-indication ne précisent pas la durée de la contre-indication, ni les raisons, puisqu’on est tenu au secret professionnel. Ce n'est en aucun cas un certificat de complaisance : j'ai examiné l'enfant, je constate qu'il est en bonne santé, et je ne tiens pas à ce qu'il tombe malade. En le vaccinant, je le mets en danger. Sur le plan juridique, le vaccin doit être assimilé à la mise en danger d'autrui par l'administration de substances toxiques. La vaccination est une forme d'homicide involontaire !"
Des propos extrêmes, voire dangereux. Pour les légitimer, les anti-vaccins s'appuient sur la Constitution : "La nation garantit à tous la protection de la santé". Une protection qui, selon eux, n'est pas assurée en cas de vaccination. Ce flou juridique est renforcé par le principe de "libre choix thérapeutique" préconisé par la loi Kouchner de 2002.
Aujourd'hui, la France est l'un des seuls pays d'Europe où la vaccination est obligatoire. Si cette obligation peut être remise en cause, la vaccination, elle, reste indispensable. C'est ce que rappelle le professeur Daniel Floret, président du Comité Technique de Vaccinations : "Les maladies à prévention vaccinale sont des maladies qui sont encore très présentes ; et si elles ont disparu, c'est grâce, justement, à la vaccination... Mais il ne faut pas oublier qu'elles sont susceptibles de réapparaître si on arrête de vacciner".
En France, seulement 2 à 3% des nourrissons ne seraient pas vaccinés. Dans les pays où la vaccination n'est pas obligatoire, la couverture vaccinale est équivalente.
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