Grande-Synthe : un premier camp humanitaire devrait ouvrir prochainement
A 40 kilomètres à peine de la "jungle de Calais", le campement de Grande-Synthe est moins connu. Pourtant les conditions de vie y sont très difficiles. "Pour les personnes sur place, c'est comme vivre dans une poubelle à ciel ouvert où il n'y a quasiment pas de mesures sanitaires pour vivre au moins aussi correctement que dans la jungle de Calais. C'est pire qu'à Calais, et c'est une urgence pour nous de faire déménager ce camp", explique Denis Gouzerh, président de la Fondation Médecins Sans Frontières (MSF) qui s'est rendu sur place il y a plusieurs jours.
Ce camp est situé en bordure d'autoroute sur une zone inondable. Il dispose d'une quarantaine de douches et de trente-deux toilettes "alors qu'il devrait y avoir dans un camp comme celui-ci 150 toilettes pour 3.000 personnes, ça fait cinq fois moins", ajoute-t-il.
C'est la première fois en France qu'une telle structure, un camp humanitaire, sera mise en place. Ce sont les mêmes méthodes que dans une zone de conflit qui seront appliquées sur le sol français, en fonction des normes internationales.
"Dans le camp actuel de Grande-Synthe, il y a des tentes de 3 m2 pour cinq personnes. Selon les normes sanitaires internationales, une tente doit mesurer au moins 20 m2 pour une famille de 5 ou 6 personnes. Il doit également y avoir un WC pour 20 personnes, un point d’eau pour 200 personnes et environ 20 litres d’eau par personne et par jour. Entre deux tentes, il faut également deux mètres de distance pour éviter les contaminations.
"Ce sont les normes humanitaires définies par le Haut Commissariat aux réfugiés qui ne sont pas respectées dans ce camp. Il y a des camps qui respectent ces normes dans des pays qui sont beaucoup plus pauvres que la France, mais la France elle ne les respecte pas", précise Denis Gouzerh.
Le campement existe depuis 2006, il n'avait pas dépassé une soixantaine de migrants jusqu'à l'été 2015. En août, ils étaient 300, aujourd'hui ils sont entre 2.500 et 3.000 migrants. Cette augmentation spectaculaire s'explique notamment par la fermeture du camp voisin de Téteghem, mi-novembre.
Pendant plusieurs mois, le maire de Grande-Synthe, Damien Carême (EELV) a tenté de convaincre l'Etat de mettre en place un lieu pour les accueillir. Le 23 décembre 2015, il réussit à négocier un entretien avec le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Suite à cela, les autorités donnent finalement leur feu vert pour la création d'un camp humanitaire, dont l'aménagement, estimé à 1,5 million d'euros, sera financé par l'Etat. La structure sera créée par Médecins Sans Frontières (MSF), avec le soutien médical de Médecins du monde.
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