Accident de Puisseguin : l'aide psychologique aux proches des victimes
Vingt-quatre heures à peine après la collision mortelle, les familles des victimes se sont réunies dans la salle municipale de Petit Palais. Sur les 43 victimes de l'accident, survenu vendredi 23 octobre 2015 entre un camion et un car transportant des personnes âgées, plus de la moitié était originaire de ce village de 756 habitants. Tous ont perdu un proche, un ami ou une connaissance.
"Le village est en deuil ; ce sont nos amis, nos anciens", raconte Anne Audoin, une habitante.
"On est très touchés et solidaires. Mais on a besoin d’avoir du monde autour de nous".
Des équipes médicales ont installé une cellule psychologique à Petit Palais, en plus de celle déjà installée à Puisseguin, près des lieux de l'accident. Le Dr Charles-Henry Martin coordonne les deux sites. Ce chef de service de psychiatrie à l'hôpital Charles-Perrens de Bordeaux a été appelé d'urgence vendredi matin. Il a dû évaluer les besoins et faire appel à des volontaires pour organiser la cellule d'écoute, hors des murs de l'hôpital. Des infirmiers, des psychologues et des médecins psychiatres sont présents pour accompagner les proches. Tous sont hospitaliers, et formés à la psycho-traumatologie, avec un aspect à la fois clinique et organisationnel.
Deux types de stress
Il faut intervenir rapidement auprès des rescapés et proches de victimes. Cela passe d’abord par une évaluation du traumatisme. "On distingue deux types de situations", détaille le Dr Martin. "Il y a d’abord les personnes qui présentent un stress adapté (une anxiété et un stress sans symptôme véritable, adapté aux circonstances). Et puis il peut y avoir des stress dits « dépassés », où le stress va entraîner des manifestations symptomatiques : des troubles psychiques avec des états de prostration, d’agitation, ou de dissociation péri-traumatique - les personnes semblent alors détachées du réel, en transe ou dans un état hypnoïde."
Pour certains, quelques entretiens suffiront à désamorcer le choc immédiat. Pour les cas les plus traumatiques, un suivi est proposé pour les aider à commencer le travail de deuil. "Dans l’immédiat, les corps des victimes sont pris en charge par les services de la gendarmerie nationale", rappelle le Dr Martin. "En l’état, il ne sont bien sûr pas visibles, mais ne le seront sans doute pas pour la plupart - ce qui peut largement compliquer le processus de deuil".
Un travail d’acceptation qui prendra du temps. Pour une prise en charge efficace, le Dr Martin doit adapter tous les jours la cellule psychologique aux besoins du terrain. "Pour ce qui est de la population, nous avons vu 110 personnes le premier jour, 80 le deuxième jour", comptabilise le Dr Martin. "Du côté des professionnels (gendarmes), ça a été une dizaine le premier jour et une trentaine le deuxième".
Au total, plus de 300 personnes sont passées entre les mains des médecins et infirmiers sur place. La cellule psychologique sera maintenue jusqu’à vendredi.
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