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A Strasbourg, des scientifiques analysent les prothèses vasculaires endommagées

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Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Depuis 1993, un groupe de scientifiques à Strasbourg étudie la résistance des prothèses vasculaires. Endommagées, elles sont extraites du corps des patients pour être analysées dans ce laboratoire unique au monde. Une initiative qui fait écho à l'actualité depuis le scandale des "Implant files".

C'est une nouvelle enquête pour le professeur Nabil Chakfé et l'ingénieure Delphine Dion. Pour l'instant, ils n'ont qu'un indice : un tube tout juste sorti d'un flacon de formol. Il est constitué de tissu, d'une grille métallique et de résidus de chair et de sang. Il s'agit d'une endoprothèse, une gaine utilisée pour réparer les artères. Celle-ci n'a tenu que quelques mois dans le corps du patient.

Les experts vont devoir comprendre pourquoi. "Là,  moi je vois une rupture, explique Delphine Dion, spécialiste des textiles médicaux. Après, il y a Mr Chakfé qui peut regarder car lui voit si le chirurgien a pu être responsable de cette rupture. C'est vraiment impossible à dire comme ça. Mais très clairement, on a des zones de déchirures à cet endroit".

Ces déchirures ont eu des conséquences dramatiques pour le patient. Selon le Pr Nabil Chakfé, chirurgien vasculaire et président de GEPROVAS, "si tout est confirmé bien sûr, la défaillance du matériau fait que le patient a dû subir une autre intervention et donc une ré-intervention qui est toujours à risque au niveau de l'aorte abdominale...".

Pour découvrir l'origine de la déchirure, la prothèse doit être nettoyée et elle passe plusieurs semaines dans un cocktail de produits chimiques afin d'éliminer les tissus humains qui entourent l'implant. Depuis 1993, le Pr Chakfé et son équipe ont analysé près de 700 prothèses défectueuses envoyées par des médecins français et étrangers. Leur base de données est unique au monde. "Le but n'est pas d'entrer dans une comparaison marketing mais d'aller vers un processus qui permette d'améliorer les produits. L'intérêt sera d'essayer d'évaluer s'il y a une courbe de vieillissement, une tendance plus ou moins péjorative, qui peut être différente d'un type d'implants à l'autre. Ce sont donc des choses qu'on a besoin de connaître pour développer des prédictions de vieillissement, ce qu'on ne sait pas aujourd'hui".

Une expertise sur les prothèses vasculaires que les scientifiques espèrent vendre aux fabricants. Certains les sollicitent déjà pour des avis sur des implants défectueux ou de nouveaux produits. Et tout est fait pour éviter les conflits d'intérêt. "On est une structure qui est associative, qui est indépendante, précise le Pr Chakfé. On travaille avec différents prestataires industriels mais sous forme de prestation. Il n'y a pas de subvention ou d'aide. Personne n'a financé ce laboratoire. Donc c'est vraiment la raison pour laquelle nous sommes restés une association".

Pour se développer, l'association a pu compter sur le soutien de la région Grand-Est et de la communauté de Strasbourg. Le GEPROVAS vient de s'installer dans des bureaux plus modernes. A plus long terme, ce programme pourrait être applicable à d'autres types d'implants.

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