Excision : un site internet et un tchat gratuit et anonyme pour les victimes
"En France, malgré les grandes avancées juridiques et le travail des associations de terrain depuis les années 1980, 3 filles sur 10 de parents issus de pays pratiquant les mutilations sexuelles féminines restent aujourd’hui menacées", affirme le réseau d’associations Excision, parlons-en ! (EP). Tous les ans, elles sont en effet des milliers à partir visiter le pays d’origine de leurs parents pendant les vacances d’été. Là-bas, certaines subissent des mutilations sexuelles. Le réseau associatif lance donc une campagne de prévention à partir du 3 mars 2017 et jusqu’à la fin de l’année scolaire. "Cette thématique n’est malheureusement pas mise en avant par les médias", déplore Marion Schaefer, déléguée générale de l’organisme.
Un outil de domination masculine
L’excision existe depuis des millénaires dans différents continents comme l’Afrique, l’Amérique du Sud ou l’Asie – et par répercussions en Europe ou en Amérique du Nord – et est associée à de nombreuses croyances. "Certains pensent que si le clitoris n’est pas coupé, il grandira jusqu’à atteindre la taille d’un sexe d’homme", explique Mme Schaefer. "Ces croyances masquent en fait une norme sociale et un outil de domination masculine. L’excision sert à s’assurer du contrôle de la sexualité de la femme, et à ce qu’elle reste vierge avant le mariage. Et c’est absurde : une excision n’empêche pas les rapports sexuels !" rappelle la déléguée générale d’Excision, parlons-en !.
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En ce sens, pour Marion Schaefer, parler d’excision reste encore très difficile. "C’est un tabou, parce que ça touche au sexe de la femme. C’est ensuite une violence qui a lieu au sein du cercle familial. Enfin, c’est une tradition, et il est dur d’y toucher. Mais comme l’a rappelé Marlène Schiappa [la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes, ndlr], on ne peut pas invoquer le relativisme culturel quand on parle de mutilations sexuelles !", estime Marion Schaefer.
Un Tchat gratuit, anonyme et sécurisé
La campagne de prévention du réseau Excision, parlons-en !, à destination des adolescentes à risque entre 12 et 18 ans, utilisera "des supports adaptés à cette tranche d’âge", comme un site Internet avec des tests ou un Tchat gratuit, anonyme et sécurisé. Des informations seront par ailleurs données sur les réseaux sociaux, dans les maisons des jeunes, les lycées ou les centres de planning familial. "Une vigilance particulière doit s’exercer avant les départs en vacances", rappelle EP.
Les jeunes filles ne sont pas les seules personnes visées par la campagne d’Excision, parlons-en !. Leur entourage direct, comme la famille, les ami-e-s, ou le personnel encadrant sont également concernés. Tout comme les garçons de 12 à 18 ans, qui "seront probablement pères un jour et donc amenés à prendre la décision de ne pas faire exciser leurs filles", rappelle EP.
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