Ehpad : "Il faudrait cinq milliards d'euros pour remettre le secteur à flot"
Il y a une "souffrance physique" dans les Ehpad a raconté mardi sur franceinfo, Jean Vignes, secrétaire général de la Fédération Sud santé sociaux au moment où le personnel et les directions des maisons de retraite de France sont appelés à faire grève.
La somme de 50 millions d'euros annoncée par le gouvernement pour soutenir les Ehpad devrait être multipliée par cent. "Aujourd'hui si on veut remettre le secteur globalement à flot il faudrait cinq milliards d'euros", a ainsi estimé Jean Vignes, secrétaire général de la Fédération Sud santé sociaux, mardi 30 janvier sur franceinfo. "Ce qu'on demande derrière c'est qu'il y ait un débat de société sur ce que l'on veut faire face à une population vieillissante", a-t-il ajouté. Les personnels des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont en grève mardi dans toute la France à l'appel d'une large intersyndicale et avec le soutien de l'association des directeurs d'Ehpad et d'associations de retraités.
franceinfo : Que ressentent les personnels des Ehpad ?
Jean Vignes : On peut dire aujourd'hui qu'il y a une souffrance physique, une souffrance éthique, une souffrance économique et aussi une souffrance sociale et familiale. Sur les métiers d'accompagnement, de soin et notamment dans les Ehpad, il y a toujours eu ce chantage exercé sur le fait qu'on ne travaille pas en usine. On travaille avec des personnes humaines. À un moment donné, quand il y a un manque d'effectifs, on compense. On n'a plus de visibilité sur les repos. On est soi-même astreint à la précarité. Nous ce qu'on demande, ce sont des CDI dans le privé non lucratif ou des statuts dans la fonction publique hospitalière. On demande aussi, pour les directions, d'avoir une visibilité sur la gestion des personnels. C'est inédit que les directeurs et l'ensemble des organisations syndicales se mettent en alerte avec la population. On espère que la population va se joindre au mouvement.
Un décret est mis en cause aujourd'hui. À l'époque, comment vous l'a-t-on présenté ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu de protestations ?
Cela fait quelques années qu'il y a des protestations. Nous alertons dans le désert. Il y a des flambées dans différentes maisons de retraite ou dans le système de soin à domicile mais rien n'est jamais coordonné. L'inédit, aujourd'hui, c'est la coordination. Elle a été permise par ce front uni qui s'est mis en place face à la situation. D'un autre côté, je ne rentrerai pas dans les chiffres, mais nous revendiquons depuis longtemps des soins de proximité accessibles à toutes et tous, partout. Ce qu'on demande derrière, c'est qu'il y ait un débat de société sur ce qu'on veut faire face à une population vieillissante. Comment veut-on la traiter ? Dignité pour les personnes qu'on accueille, respect pour les personnes qui travaillent.
L'État a annoncé des rallonges budgétaires, il y en a eu une de 50 millions d'euros. Cela ne suffit pas ?
Soyons gentils, il faudrait cent fois plus. Aujourd'hui, pour remettre le secteur globalement à flot il faudrait cinq milliards d'euros. Si vous rapportez les chiffres aux résidents par jour, c'est 19 centimes. C'est de la communication. Aujourd'hui il faudrait 40% d'effectifs en plus, ne serait-ce que pour traiter avec respects les patients. Il faut pouvoir accompagner en douceur.
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