Quatre questions sur l'infertilité, "fléau" auquel Emmanuel Macron veut s'attaquer

Lors de sa conférence de presse, mardi soir, le chef de l'Etat a promis "un grand plan de lutte" contre l'infertilité "masculine comme féminine" dans l'optique d'un "réarmement démographique" de la France, dont la natalité baisse.
Article rédigé par franceinfo
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Un bébé en Bourgogne, le 29 septembre 2023. (KETTY BEYONDAS / JOURNAL DE SAONE ET LOIRE / MAXPPP)

Le problème touche plus de 3 millions de Français. Emmanuel Macron a promis le lancement d'un "grand plan" contre l'infertilité "masculine comme féminine", qu'il a qualifiée de "fléau" et de "tabou du siècle", lors de sa conférence de presse à l'Elysée, mardi 16 janvier. Ce plan, déjà prévu par la loi bioéthique de 2021, s'inscrit dans une ambition de relancer la natalité française, qui a nettement baissé en 2023 selon l'Insee, et ainsi permettre le "réarmement démographique" voulu par le chef de l'Etat. Mais de quoi parle-t-on exactement, et comment peut-on lutter contre l'infertilité ? Franceinfo fait le point en quatre questions.

1 De quoi parle-t-on ?

Tout d'abord, il est important de ne pas confondre infertilité, stérilité et baisse de la fécondité. L'Assurance-maladie définit ainsi l'infertilité comme "l'absence de grossesse après 12 à 24 mois de rapports sexuels complets, réguliers (deux à trois fois par semaine) et sans contraception". Toutefois, cette infertilité n'a pas le "caractère irréversible" de la stérilité qui, elle, renvoie à une "incapacité totale d'un couple hétérosexuel à avoir un enfant".

Quant à la fécondité, il s'agit d'un paramètre démographique, qui met en relation le nombre de naissances avec l’effectif des femmes âgées de 15 à 50 ans, selon l'Institut national d'études démographiques (Ined). Elle est ainsi conditionnée par la capacité des couples à avoir un enfant, mais prend également en compte un ensemble de comportements sociaux plus vaste, comme les choix de vie individuels, de contraception, de politique de natalité ou encore l'influence des religions.

2 Qui est concerné ?

Dans le monde, environ une personne sur six souffre d'infertilité, selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en avril. "Et ce, quels que soient leur lieu de vie et les ressources dont elles disposent", précise son directeur général, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il s'agit, selon l'OMS, d'un "problème sanitaire majeur", qui touche 17,8% de la population adulte des pays riches et 16,5% des habitants des pays à revenus faibles ou intermédiaires.

Aujourd'hui, en France comme dans la plupart des pays développés, entre 18 et 24% des couples en désir d'enfants ne parviennent pas à obtenir une grossesse après douze mois d'essai, selon Santé publique France (SPF), qui précise que ce taux retombe à 8% à 11% après 24 mois. Un couple hétérosexuel sur sept consulte au cours de sa vie pour un problème de baisse de fertilité, et un couple sur dix suit un traitement pour y remédier, selon l'Assurance-maladie. Au total, 3,3 millions de Français seraient affectés, selon un rapport remis au gouvernement en février 2022 (fichier PDF) et copiloté par le professeur Samir Hamamah, chef de service de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier.

3 Comment expliquer ce phénomène ?

Au cours des dernières décennies, la fréquence de l'infertilité masculine et féminine n'a cessé de grimper. En cause : le recul de l'âge auquel les couples cherchent à concevoir, qui a une incidence négative sur la fertilité. Ainsi, l’âge moyen auquel les femmes accouchent de leur premier enfant était 31 ans en 2022 et 2023, alors contre 30,7 ans en 2019, 29,3 ans en 1999, et entre 24 et 25 ans en 1977, relève l'Assurance-maladie.

Des problèmes médicaux, comme l'insuffisance ovarienne ou testiculaire, l'endométriose ou encore le fait de suivre une chimiothérapie, sont également des causes d'infertilité, ajoute l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Il existe également des facteurs environnementaux favorisant l'infertilité, comme le tabagisme, l'exposition à des foyers de chaleur importante (four, postes de soudure, ordinateurs) qui augmentent la température au niveau des testicules, ou certains troubles alimentaires (anorexie, obésité) poursuit l'Inserm. Enfin, l'exposition à certains pesticides, solvants ou métaux lourds a des conséquences avérées sur la fertilité, pointe l'institut, qui ajoute que des soupçons pèsent sur d'autres substances polluantes ou perturbateurs endocriniens, sur lesquels la science n'apporte pas encore de réponses définitives.

4 Que faire pour y remédier ?

Quand l'infertilité est due à des facteurs médicaux, des traitements hormonaux permettent d'y remédier, et la procréation médicalement assistée (PMA) est une issue potentielle. En France, selon l'Ined, 3,7% des enfants sont nés à la suite d'une PMA en 2019, avant même son ouverture à toutes les femmes.

Plus largement, les auteurs du rapport sur l'infertilité remis au gouvernement en 2022 avancent plusieurs pistes pour y remédier, comme informer plus largement les jeunes adultes sur le phénomène, instaurer des consultations médicales dédiées pour qu'ils puissent "repérer de potentiels 

Ils recommandent également de mettre en place une "stratégie nationale de recherche sur la reproduction humaine et l’infertilité", ainsi que la création d'un Institut national de la fertilité, qui permettrait "d’animer et de coordonner la recherche, les actions de prévention de l’infertilité et la prise en charge des patients". Mardi soir, Emmanuel Macron n'a pas détaillé les mesures qu'il comptait mettre en œuvre ni le calendrier prévu.

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