Santé : téléconsultation, télésurveillance des patients... "Servons-nous de l'innovation pour réduire les distances"
Les déserts médicaux se font cruellement sentir au cœur de l'été, notamment en zone rurale. La confédération des syndicats médicaux français estime urgent de développer tous les moyens de communication modernes pour permettre aux patients d'accéder à leur médecin.
Le ministère de la Santé estime que 8 % de la population vit dans un désert médical et doit annoncer un plan de grande ampleur à la rentrée. Pour Jean-Paul Ortiz, président de la confédération des syndicats médicaux français (CSMF), l'une des solutions est de "casser la fracture numérique dans ce pays. […] Aujourd'hui on peut faire de la télésurveillance de patients. Voilà ce qu'il va falloir développer" a-t-il préconisé mardi 8 août sur franceinfo.
franceinfo : comment lutter contre les déserts médicaux ?
Jean-Paul Ortiz : Il faut absolument que tous les étudiants en médecine fassent obligatoirement des stages en médecine générale et en médecine spécialisée dans les cabinets médicaux de façon à développer cette connaissance de la médecine de ville. Et puis il faut faciliter l'accès à la vie professionnelle, il faut développer des passerelles. Il n'y a aucune raison qu'on soit exclusivement médecin libéral. On pourrait très bien avoir un pied à l'hôpital, un mi-temps salarié avec un mi-temps libéral. Il faut adapter notre réglementation, la simplifier pour faciliter l'installation des jeunes médecins qui aujourd'hui s'installent trop tard (38 ans en moyenne pour une première installation en médecine libérale).
Des entreprises commercialisent des cabines de consultation à distance. Est-ce la bonne solution ?
N'oublions pas que nous sommes au XXIème siècle. Il faut casser la fracture numérique dans ce pays et grâce à la télémédecine, il n'y aura plus de déserts médicaux. Mais je crois vraiment qu'il faut sortir du gadget. Rien ne remplacera la rencontre entre un médecin et son patient. On ne peut faire de la télémédecine qu'à partir du moment où on connaît son patient, ses antécédents, on sait les pathologies qu'il a eues. Bref, c'est le médecin traitant qui doit faire de la téléconsultation.
Ces "gadgets" peuvent tout de même servir de compléments dans le suivi médical ?
Ça peut être un complément d'un suivi médical avec un médecin à distance qui va pouvoir utiliser les objets connectés par exemple. Aujourd'hui on peut faire de la télésurveillance de patients, des insuffisants cardiaques par exemple, avec des balances connectées, des brassards à tension connectés qui vont donner au médecin qui connaît son patient, qui le voit régulièrement, des indications journalières. Voilà ce qu'il va falloir développer. N'oublions pas que demain nous n'aurons pas un médecin au pied de chaque clocher. Le médecin viendra, comme dans certains villages vous avez la camionnette du boucher-charcutier-épicier qui passe deux ou trois fois par semaine. Il passera deux ou trois demi-journées par semaine dans le village ou dans le petit bourg pour faire de la consultation sur place. Pour le reste du temps, il fera de la téléconsultation. Voilà comment on doit organiser les choses.
La télémédecine doit-elle faire partie de ce plan de grande ampleur que doit annoncer la ministre de la Santé, Agnès Buzyn ?
Bien-sûr, c'est l'un des quatre points fondamentaux pour la rentrée. Servons-nous de l'innovation pour réduire les distances. Aujourd'hui, nous raisonnons en termes de kilomètres. Grâce aux objets connectés, à la téléconsultation, à la télé-expertise, il n'y a plus de distance, c'est de l'immédiateté. Grâce au numérique, nous pourrons réduire cette difficulté d'accéder à un médecin : en collaboration avec l'ensemble des autres médecins spécialistes de proximité et par votre médecin traitant, vous pourrez très bien accéder facilement à votre cardiologue, à votre neurologue, votre gastro-entérologue, sans aucune difficulté.
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