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Vidéo "Comment vous allez vivre ça, le soir, à la nuit tombée, les cauchemars, etc." : Brut a appelé le numéro vert du site IVG.net

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Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Tenter de dissuader une femme d'avorter, c'est un délit. Et pourtant, voilà ce qui arrive quand on appelle le numéro vert d'IV(net, l'un des sites les mieux référencés quand on veut s'informer sur l'IVG…

"Oui, vous allez avorter. Sur le coup vous allez être soulagée, vous allez être dans les bras de votre chéri, il va vous faire des câlins mais ça on s'en fiche. Ce qui est important, c'est l'après. Comment vous allez vivre ça, le soir, à la nuit tombée, les cauchemars, la nuit, etc., le matin, lorsque vous verrez un bébé dans une poussette, etc." Voilà ce que l'on peut entendre en appelant le numéro vert d'information sur  l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Sur Internet, c'est même un des premiers résultats lorsqu'on fait des recherches. Ce numéro vert existe depuis 2008. Problème : la neutralité de son discours n'est pas garantie. En 2017, le gouvernement s'est pourtant emparé de la question et a proposé un texte de loi qui visait à étendre le délit d'entrave à l'IVG au numérique. Depuis, le texte a été voté. Résultat : dissuader une femme de recourir à une IVG est désormais un délit.

"Ils sont "border" d'un point de vue légal"

Pour Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes qui avait porté cette loi, les interlocuteurs du numéro vert du site sont "border" sur le plan légal. Si aujourd'hui elle estime que les répondants n'usent plus de fausses allegations, elle constate néanmoins qu'ils insistent encore sur les contraintes psychologiques de l'IVG. "Ils insistent beaucoup sur : "L'IVG donne des troubles psychologiques, vous allez souffrir beaucoup, après vous y penserez tout le temps, vous ferez des cauchemars." Donc ils sont à la frontière de ce qui est ou n'est pas légal", explique Laurence Rossignol. De son côté, Marie Philippe, la fondatrice du site IVG.net, y voit une forme de "nouveau féminisme qui prend en compte la personne toute entière de la femme et ses désirs profonds." "Notre motivation n'est pas religieuse ; elle consiste à agir pour le respect de la femme dans son être intégral car trop souvent l'IVG est un droit des femmes… utilisé pour les hommes !", a-t-elle notamment souligné.

Il existe un numéro vert créé par le gouvernement

En 2015, le gouvernement a créé son propre numéro vert qui a été confié au planning familial. Cette association historique existe depuis 1960 et se bat pour le droit des femmes et notamment le droit à l'avortement. "Ce numéro, il est essentiel parce que c'est pas si simple de pousser la porte d'un planning familial, c'est pas si simple de pousser la porte d'un centre IVG ou d'un médecin et de pouvoir parler d'avortement", estime Sarah Durocher, la coprésidente du planning familial laquelle insiste sur l'importance de donner une bonne information pour que ce droit à l'IVG continue d'évoluer et surtout "qu'il ne régresse pas".

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