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Le remboursement total des lunettes dès 2020 est "un bouleversement dans la façon dont on accède aux soins", selon l'UFC-Que Choisir

Mathieu Escot, responsable des études à l'UFC-Que Choisir, a expliqué, mercredi sur franceinfo, que c'était un poste de dépenses pour lequel "il y avait le plus de renoncement aux soins".

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Une personne choisie des lunettes chez un opticien, à Béthune (Pas-de-Calais), le 9 mai 2014. (DENIS CHARLET / AFP)

"Cela va être un changement radical" : Mathieu Escot, responsable des études à l'UFC-Que Choisir, s'est réjoui, mercredi 13 juin, après les révélations de franceinfo sur l'obligation des opticiens à présenter à leurs clients au moins 17 modèles de lunettes totalement remboursées à compter du 1er janvier 2020. Chaque Français pourra bénéficier tous les deux ans d'une paire de lunettes totalement remboursée. L'annonce sera faite par Emmanuel Macron, mercredi matin, au congrès de la Mutualité à Montpellier. Un accord sera signé, mercredi midi, entre le ministère de la Santé et les professionnels du secteur, après plusieurs mois de négociations.

franceinfo : Est-ce une bonne nouvelle pour les porteurs de lunettes ?

Mathieu Escot : Cela va être un changement radical effectivement. Vous allez avoir pour tous les Français la possibilité dans les magasins d'optique d'accéder à des équipements de qualité en fonction de votre vue sans aucun reste à charge. C'est un bouleversement dans la façon dont on va accéder aux soins. Cela va aussi concerner les prothèses auditives et les soins dentaires. Ce sont justement les trois postes sur lesquels il y avait le plus de renoncement aux soins. Aujourd'hui, cela dépend de la qualité de votre complémentaire santé. Si vous avez un très bon contrat, vous êtes couverts par votre contrat d'entreprise, qui est une grande entreprise, qui met beaucoup d'argent dessus, vous allez assez facilement vous en tirer sans reste à charge. En revanche, une personne âgée, couverte par un contrat moins intéressant, qui a des lunettes plus chères parce qu'elle a besoin de verres progressifs, peut facilement avoir 300, 400 ou 500 euros de reste à charge.

Est-ce que cette décision est de nature à réduire les écarts de prix sur le marché de l'optique ?

Oui, c'est un des éléments structurants de cette réforme. On va avoir une plus forte régulation d'un marché qui fonctionnait assez mal. Les prix étaient élevés, il y avait beaucoup trop de magasins d'optique, ce qui faisait des frais supplémentaires et des prix encore plus chers. Donc, avoir cette offre, à un prix fixé par l'État, en négociation avec les professionnels bien sûr, et identique sur tout le pays, cela va bouleverser le paysage.

On a encore du mal à voir à quoi ressemblera le marché de l'optique dans 5 ans, mais il ne ressemblera pas à celui d'aujourd'hui.

Mathieu Escot

à franceinfo

Il faut préciser que ce ne seront pas toutes les lunettes ou toutes les audioprothèses ou toutes les prothèses dentaires qui seront sans reste à charge. Il s'agira d'un panier de soins particuliers, mais d'une qualité tout à fait honorable. Le marché sera plus transparent aussi dans la mesure où on aura eu une intervention des pouvoirs publics pour réguler les prix et les marges au niveau national. On n'aura plus ce grand écart de prix d'un opticien à l'autre sans que le consommateur ne puisse différencier celui qui travaille très bien et celui qui a des pratiques moins recommandables.

Vous évoquiez les prothèses auditives, mais on n'en n'est pas encore là ?

Normalement, le reste à charge va couvrir l'optique, le dentaire et les audioprothèses. C'est extrêmement important. Les prothèses auditives, le prix moyen aujourd'hui c'est 1 150 euros par oreille. Le plus souvent vous équipez les deux oreilles donc plus de 3 000 euros. Là-dessus, l'assurance-maladie rembourse 240 euros. Donc, ce sera une vraie avancée en termes d'accès aux soins. Il y a des écarts de prix, il y a une grande opacité du marché et une vraie difficulté pour les consommateurs à s'y retrouver d'un point de vente à l'autre, avec des écarts de prix difficiles à comprendre, difficiles à justifier. C'est presque encore plus compliqué que l'optique. Quand vous achetez une audioprothèse, vous achetez aussi le suivi sur toutes les années de vie de votre prothèse, en moyenne 4 ou 5 ans. Vous payez beaucoup de choses d'un coup.

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