"Elles sont toujours en train de courir" : malgré les annonces d'embauches, la situation dans les Ehpad ne s'est pas vraiment améliorée
Un an après l'annonce d'embauche dans les Ehpad, le personnel est toujours débordé. Leurs syndicats sont reçus jeudi à l'Élysée.
"Le matin, elles sont toujours en train de courir". Les résidents de l'Ehpad de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) constatent, comme les dix syndicats de personnel, que la situation ne s'est pas améliorée, malgré une grève inédite l'an dernier et l'annonce par le gouvernement d'un plan au printemps dernier qui prévoyait la création de 20 000 postes supplémentaires.
Un an après, les représentants syndicaux seront reçus jeudi 21 février à 10 heures à l'Élysée. Ils vont demander à être reçus par Emmanuel Macron et vont remettre leurs doléances : plus de personnels dans les Ehpad publics, qui représentent environ la moitié des établissements, et des hausses de salaires.
La menace d'une nouvelle grève
Dans la chambre de son Ehpad, Renée Planchais a le sourire et le rire facile, mais cette dame âgée s'inquiète pour les aides-soignantes qui l'accompagnent au quotidien : "Elle me demande si ça va bien, mais moi je leur demande toujours 'comment allez-vous aujourd'hui ?'", dit-elle. Souvent, Renée reçoit la même réponse. "C'est souvent la fatigue. Le matin, elles sont toujours en train de courir. Il y a énormément de travail".
Il y a des fois où elles ont mal au dos, et elles s'arrêtent de travailler parce qu'elles n'en peuvent plus"
Renée Planchaisà franceinfo
À 31 ans, Olivia Delaunay souffre de mal de dos et de fatigue. "C'est des grosses journées, c'est épuisant", raconte-t-elle. "C'est un rythme très soutenu et c'est vrai que des fois, on rentre à la maison après une journée longue et on n'a pas toujours l'énergie pour faire des taches qu'on devrait faire chez nous. Ne serait-ce que les courses à faire, j'en peux plus", lâche la jeune femme qui aime pourtant son travail.
Des temps de toilette réduit au minimum
Même si Olivia dit aimer son métier, elle n'en retire pas autant de satisfaction qu'elle le voudrait. "Une toilette qui devrait durer normalement 30 à 40 minutes, on est obligé de la faire en un quart d'heure, 20 minutes, parce qu'on n'a pas le temps et qu'il y en a d'autres qui attendent derrière", déplore-t-elle.
Les résidents ne vont pas avoir une douche tous les jours. Et on est obligé de le faire à leur place, alors qu'on est censé les stimuler pour qu'ils gardent un minimum d'autonomie.
Olivia Delaunayà franceinfo
Olivia regrette que la réduction du temps de la toilette se fasse au détriment des résidents. "On n'a pas le temps de les laisser faire leur visage, ou nettoyer le haut, donc ils perdent en autonomie".
Dans cet Ehpad public, l'État fixe le nombre d'aides-soignantes et leur salaire. Lors du mouvement de protestation national il y a un an, Olivia avait fait grève mais depuis, rien n'a changé dans son quotidien. Il n'y a pas eu plus d'embauches et son salaire plafonne à 1 600 euros nets par mois. "C'est pas cher payé pour ce qu'on fait. On demanderait un peu plus, on n'a pas été augmenté depuis très longtemps", déclare la jeune femme.
"Nous voulons des choses concrètes"
Selon Pascal Champvert, président de l'AD-PA, l'association des directeurs d'Ehpad et de services à domicile, "nous n'avons pas vu depuis un an une seule création d'emploi", malgré l'annonce du gouvernement de recruter 20 0000 personnes. "Au contraire, ce que nous avons vu, c'est la suppression des emplois aidés", déplore Pascal Champvert qui fait partie de la délégation qui sera reçu à l'Élysée.
"Le président peut annoncer une grande loi, nous participons à ces réflexions, mais nous voulons des choses concrètes dès maintenant", martèle-t-il. Il faut plus "de personnel dans les établissements et les services à domicile. Il faut des garanties dès 2019", assure Pascal Champvert.
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