Monsanto reconnu coupable de l'intoxication d'un agriculteur
Pour la première fois en France, la responsabilité de Monsanto est reconnue par la justice. La cour d'appel de Lyon a confirmé le jugement qui avait reconnu la responsabilité du groupe américain Monsanto dans l'intoxication de Paul François dans un arrêt rendu le 10 septembre. Le céréalier de Bernac avait été intoxiqué en avril 2004, après avoir vérifier le nettoyage d'une cuve contenant du Lasso, un puissant herbicide qu'il utilisait pour son maïs.
Le magnat de la chimie, condamné en première instance en 2012 à "indemniser entièrement" l'agriculteur, avait fait appel. Le groupe répétait alors que son produit n'était pas dangereux et que les dommages invoqués par M. François d'existait pas. Or, l'herbicide avait en effet été jugé dangereux et retiré du marché au Canada dès 1985 et depuis 1992 en Belgique et au Royaume-Uni. Il a fallut attendre 2007 pour que le Lasso soit interdit en France.
"À la fin j'ai fini par douter de la décision de justice mais cette fois-ci, c'est sans appel", nous explique Paul François. "Même si Monsanto peut aller en cassation, sur le fond sa responsabilité reste confirmée dans son intégralité. C'est extrêmement important", se réjouit-il.
"J'espère que la décision fera jurisprudence"
La justice est désormais rendue pour l'agriculteur de 50 ans, aujourd'hui invalide à 50%. En inhalant le gaz de la cuve, il avait immédiatement perdu connaissance. Depuis, sa santé ne cesse de se dégrader…"Et ça n'ira pas en s'arrangeant", regrette-t-il.
Après huit ans de bataille acharnée, Paul François avoue être soulagé et fatigué par "des années de combats et de sacrifices". Pour lui, la décision de la cour d'appel signe aussi la fin de pressions quotidiennes exercées par Monsanto. "Je savais que le combat serait très compliqué et long, mais je ne pensais pas qu'il y aurait des pressions aussi intenses. Ce fut très difficile par moment", confie M. François.
Désormais, Paul François se bat pour que la décision fasse jurisprudence. Depuis 2012, 150 dossiers ont été ouverts. Pour l'agriculteur, l'important est que ses collègues "arrêtent de culpabiliser, car on leur dit souvent qu'ils n'ont pas fait attention". "Les agriculteurs commencent à sortir du silence. Il ne faut pas se retourner contre ceux qui ont utilisé ces produits mais contre ceux qui les ont fabriqués", espère Paul François.
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