Des soins dentaires vraiment trop chers
Les soins dentaires coûtent près de 10 milliards d'euros chaque année, rappelle la Cour des Comptes. Un budget qui représente plus de 6% du total des dépenses de santé or la prise en charge de l'Assurance-maladie régresse. Si la facture ne cesse de s'alourdir pour les patients et les complémentaires santé, c'est principalement parce que les chirurgiens-dentistes pratiquent des dépassements d'honoraires élevés.
"C'est profondément scandaleux ! La Cour des comptes avait déjà dénoncé ce problème dans un rapport publié en 2010 avec un niveau de dépassement d’honoraires atteignant 4 milliards d’euros. Aujourd’hui, on est à 4,7 milliards. Cela signifie que rien n’a été fait pendant 6 ans pour mettre fin à ces dépassements d’honoraires qui éloignent nos concitoyens de l’accès aux soins", explique Christian Saout, secrétaire général du Collectif interassociatif sur la santé (CISS).
Les frais élevés qui restent à la charge du patient conduisent près d'un Français sur cinq à renoncer aux soins dentaires. C'est deux fois plus que la moyenne européenne. Résultat : l'état de santé bucco-dentaire de la population française est jugé médiocre par la Cour des comptes. Les sages dénoncent le "désengagement" des pouvoirs publics, avec une prise en charge de l’Assurance-maladie trop faible. Elle ne rembourse aujourd’hui que 33% des 10,6 milliards d’euros de dépenses dentaires. Un constat partagé par les syndicats de dentistes.
"Pour les prothèses et l’orthodontie, les remboursements n’ont pas bougé depuis 28 ans et puis il y a toute une partie de notre activité qui n’est pas du tout prise en charge, en particulier les implants ou les soins de gencives qui ne font pas partie du panier de soins de la Sécurité sociale. Donc aujourd’hui, l’Assurance-maladie n’a pas suivi l’évolution des coûts et des techniques et a décidé de rester à un niveau de remboursement très bas", regrette le Dr Catherine Mojaïsky, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires.
Aujourd’hui, les complémentaires santé financent 39% des soins dentaires et les assurés 25%. Le risque à terme est que les prix des complémentaires santé augmentent et par conséquent que l'accès aux soins dentaires devienne encore plus inégalitaire en France.
La Cour des comptes formule plusieurs propositions parmi lesquelles le plafonnement "par voie législative" des tarifs des actes prothétiques les plus fréquents ou encore le "conventionnement sélectif" des chirurgiens-dentistes.
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