Affaire Naomi Musenga : "Nous nous acheminons vers un élément de faute personnelle", annonce le directeur général du CHU de Strasbourg
Christophe Gautier, le directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, a annoncé sur franceinfo jeudi 10 mai que le CHU reverra le 23 mai la famille de Naomi, décédée fin décembre quelques heures après un appel pris à la légère par le Samu, pour lui "restituer la totalité des éléments" de l'enquête administrative menée.
La famille de Naomi Musenga, décédée à l'hôpital de Strasbourg fin décembre après un appel pris à la légère par le Samu, réclame des réponses à ses questions sur la mort de cette jeune femme de 22 ans mais elle refuse d'ériger l'opératrice du Samu en bouc émissaire, a indiqué jeudi son avocat. Mercredi, le parquet de Strasbourg a ouvert une enquête préliminaire pour faire la lumière sur le décès de la jeune femme. L'opératrice a été suspendue par le CHU de Strasbourg "à titre conservatoire".
Invité de franceinfo jeudi, Christophe Gautier, directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, a indiqué que l'enquête s'achemine "vers un élément de faute personnelle", le planning de travail de l'opératrice ne laissant pas apparaître de "condition particulière" ce jour-là. C'est la raison pour laquelle le directeur général du CHU de Strasbourg a pris "la décision de suspension à titre conservatoire" de l'opératrice pour "présomption d'une faute grave de manquement à une procédure". Il a ajouté que l'hôpital a "pris l'engagement de revoir la famille de Naomi le 23 mai et de restituer la totalité des éléments" l'enquête administrative à la famille.
franceinfo : Pourquoi avoir suspendu l'opératrice sans attendre la conclusion de l'enquête administrative ?
Ces faits ont été portés à la connaissance du CHU le 27 avril dernier. Nous avons décidé, dans la foulée, une enquête administrative. J'ai rencontré immédiatement jeudi dernier la famille de Naomi pour lui dire que nous lui devons la vérité sur les conditions de prise en charge de cet appel. Nous avons pris l'engagement de revoir la famille de Naomi le 23 mai et de restituer la totalité des éléments de cette enquête à la famille. Dans les premiers éléments que nous avons pu mettre en avant, il m'est apparu que la présomption d'une faute grave de manquement à une procédure avait été constatée. Cela m'a conduit à prendre la décision de suspension à titre conservatoire, qui ne préjuge pas des conclusions définitives, mais qui est nécessaire dans le contexte de ce drame.
Est-ce que cela s'oriente vers une erreur humaine ?
Il est difficile à ce stade de préjuger complétement des conclusions. L'enregistrement témoigne d'un manquement aux procédures de régulation, élément qui n'est pas contesté par l'opératrice. Les conditions d'exercice ce jour-là apparaissent comme non exceptionnelles, notamment dans la gestion du flux d'appel qui est toujours important, mais qui ne traduit pas des conditions exceptionnelles qui pourraient conduire à une erreur de cette nature. Ce jour-là, le planning de travail ne laisse pas apparaître de condition particulière pour l'opératrice qui en était à son deuxième jour de travail consécutif et qui revenait d'une période de congé annuel. Dans le cas d'espèce, nous nous acheminons vers un élément de faute personnelle.
Il y a eu d'autres interlocuteurs, dont une première opératrice des pompiers. N'y a-t-il pas une chaîne de responsabilités ?
Le champ de mon enquête est limité à ce qui s'est passé au CHU de Strasbourg. Les éléments relatifs à la prise de l'appel par le 18 relèvent du SDIS et seront examinés dans le cadre judiciaire.
Est-ce que cette affaire doit mener à une réflexion globale sur le fonctionnement du Samu ?
Cette réflexion est permanente. Le dialogue social est très courant. Nous sommes en réflexion permanente sur l'amélioration de nos procédures, sur l'amélioration de l'environnement de travail. Oui, nous allons être dans une réflexion plus globale, mais qui appartient à un cycle de réflexion continue au sein de l'établissement.
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