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Reportage "On passe notre temps à passer des coups de fil" : pharmaciens et médecins s'organisent face aux pénuries de médicaments

Plus de 2 100 signalements de tension ou de rupture d'approvisionnement de médicaments ont été rapportés aux autorités de santé depuis le début de l'année, selon l'Agence de sécurité du médicament.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le pharmacien Hervé Chapelle montre le rayonnage censé contenir du Doliprane pour enfant, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, en décembre 2022. (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO)

Des pénuries touchent des médicaments du quotidien, comme le paracétamol ou l'amoxicilline. La demande mondiale explose, les épidémies hivernales sont très intenses et la production ne suit pas. Résultat : il y a des trous sur les étagères de la pharmacie d'Hervé Chapelle, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans les Yvelines. "Ça, c'est un rayonnage où, normalement, il y a du Doliprane pour enfant. C'est vide, c'est complètement vide...", constate le pharmacien.

>> Est-il vrai que la France "fabrique à nouveau du paracétamol", comme l'affirme Olivier Véran ?

Ces molécules manquantes sont quasiment les plus prescrites. "Quand on voit arriver une ordonnance qui combine amoxicilline et le Doliprane enfant, on sait déjà qu'on est coincé, raconte Hervé Chapelle. Donc on essaye de jongler, on rappelle les médecins, par exemple." Mais cet organisation est extrêmement chronophage pour le pharmacien et son équipe. "On passe notre temps à passer des coups de fil, à appeler nos fournisseurs, nos grossistes, les labos pour se dépanner. On appelle aussi les patients pour leur dire que ce qu'on pensait recevoir, on ne le recevra pas.

"C'est presque un équivalent temps plein pour gérer la crise."

Hervé Chapelle

à franceinfo

Prescrire avec parcimonie

Une situation aussi chronophage pour le Dr Hélène Entressengle. Ce médecin généraliste, installé à quelques kilomètres de Saint-Rémy-lès-Chevreuse est désormais obligée de tenir compte des pénuries dans ses prescriptions. "Quand on doit absolument prescrire ces molécules, il peut nous arriver d'appeler la pharmacie pour être sûr qu'ils en aient bien et qu'ils le mettent de côté", explique-t-elle. Elle a aussi pris l'habitude de prévoir que ses patients aient du mal à trouver certains médicaments. "Par exemple, l'Augmentin, on peut le remplacer dans certaines pathologies par de la Pyostacine donc je le marque sur l'ordonnance : si indisponible, possibilité de mettre tel ou tel antibiotique. On jongle là dessus."

Elle prescrit au compte-goutte le paracétamol, le médicament des infections de l'hiver et du Covid et ne délivre les ordonnances que si c'est vraiment nécessaire : "On demande aussi systématiquement aux gens s'ils en ont besoin. Certains nous disent qu'ils ont tout ce qu'il faut à la maison, donc évidemment, on n'en remet pas sur l'ordonnance, parce qu'on sait qu'il y a des pénuries.

"On donne le minimum possible : une boîte, ce qui est suffisant dans la plupart des cas."

Dr Hélène Entressengle

à franceinfo

Le Dr Hélène Entressengle donne aussi un conseil pour éviter de tomber malade et pour ne pas aggraver ces pénuries de médicaments : il faut selon elle remettre le masque et respecter les gestes barrières.  

Pénurie de médicaments : le casse-tête des pharmaciens. Reportage de Solenne Le Hen

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