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Médicaments disponibles sans ordonnance : "La moitié des médicaments sont dangereux et la plupart sont inutiles"

Alors qu'une enquête sur l'automédication révèle que plus de la moitié des 62 médicaments en libre accès en pharmacie est à proscrire, le Pr Philippe Even, médecin pneumologue, rappelle qu'ils sont parfois même dangereux.

Article rédigé par franceinfo
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Sur les 62 médicaments les plus vendus que 60 Millions de consommateurs a passés au crible, 45% sont à proscrire car leur rapport bénéfice/risque est défavorable. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Sur les 62 médicaments les plus vendus, 45% sont à proscrire car leur rapport bénéfice/risque est défavorable, révèle une enquête sur l'automédication du magazine 60 Millions de consommateurs. "Il n'y a aucun doute sur ce point, scientifiquement. La moitié des médicaments sont dangereux et la plupart sont inutiles", a déclaré mardi 14 novembre sur franceinfo le Pr Philippe Even, médecin pneumologue, auteur du Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, co-écrit avec Bernard Debré et paru aux éditions du Cherche Midi.

franceinfo : que risque-t-on en prenant ces médicaments ?

Pr Philippe Even : Toute une série de symptômes désagréables, de l'insomnie, de l'agitation, de l'énervement, des accès de colère et des problèmes d'hypertension. Il ne faut pas oublier qu'il y a 20 000 morts tous les ans d'accidents thérapeutiques et parmi ces accidents, il y a des cas où le médicament est un de ceux qui ne servent pas à grand-chose, même à rien du tout.

Tous ces médicaments sont-ils vraiment inutiles ?

Il est difficile de répondre à cette question car le sentiment du malade, l'effet placebo, est quelque chose de majeur. Tous les médicaments ont un effet placebo, qu'ils soient par ailleurs actifs ou pas. Lorsqu'un malade prend un médicament, la plupart du temps cela répond à une demande du malade, peut-être plus qu'à une volonté de prescrire du médecin. Cela fait des millénaires que les hommes avalent des graines, des feuilles, des décoctions. Quelques-unes sont dangereuses, la plupart inutiles, mais il y a le sentiment d'améliorer sa santé.

Pourquoi ces médicaments sont-ils en vente ?

Tant qu'on aura pour diriger l'Agence de santé du médicament les gens qui y sont actuellement, elle sera un couteau sans manche auquel il manque la lame. Ce sont dix personnes qui s'agitent sur 2 000 dossiers tous les ans, qui pondent des rapports, qui ont des commissions, qui votent de façon contradictoire. C'est comme cela que l'on voit actuellement 60 médicaments sur une liste dite de surveillance renforcée. Le Mediator est resté vingt ans sur la liste de surveillance renforcée, sans qu'on l'interdise. C'est vraiment la qualité technique, professionnelle et surtout l'organisation interne de l'Agence du médicament qui est en cause. Il y a des accidents dramatiques tous les ans.

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