Lutte contre le cancer : ce qu'il faut savoir sur le Keytruda, ce traitement qui nourrit de nombreux espoirs de guérisons
Ce médicament est désormais prescrit en France pour de plus en plus de cancers différents, du mélanome au cancer du sein triple négatif.
Vous n’en avez sans doute jamais entendu parler, et pourtant, c’est l’un des médicaments qui a changé la façon dont on soigne le cancer depuis presque une dizaines d'années : le Keytruda. Ce traitement, qui est une immunothérapie, est désormais prescrit en France dans quatorze cancers différents, du mélanome au cancer du sein triple négatif, l’un de ceux que l’on soigne le moins bien.
Et cette liste devrait s’allonger, puisque cette année encore, le Keytruda est au cœur des discussions du congrès mondial du cancer, qui se déroule ce premier week-end de juin, à Chicago, aux États-Unis.
Ce congrès organisé par l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) est l'un des temps forts de la lutte contre le cancer : c'est là où sont annoncées chaque année les principales avancées de la recherche, les résultats de plus de 5 000 études menées dans le monde. Parmi ceux-ci, il y a, cette année, une quarantaine d'études qui concernent directement le Keytruda.
"Nous n'étions pas du tout prêts à ça"
Ce médicament utilisé dans les cancers du poumon, de la tête et du cou, le professeur Caroline Robert, du centre anticancer Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne), a été l’une des premières à le tester il y a dix ans, sur des patients atteints d’un cancer de la peau, un mélanome, jusqu’alors quasi-incurable. "On obtenait des réponses significatives dans 30 à 40% des cas. Cela veut dire que la tumeur diminue de taille de plus de 30% des cas –on n'était pas du tout habitués à ça– et des réponses complètes dans 20% des cas. Mais le plus beau, c'était que ces réponses était maintenues au cours du temps. Et ce sont les patients surtout qui ont fait la révolution et nous ont dit : maintenant que je n'ai plus de métastases, peut-être qu'on va arrêter le traitement. Nous n'étions pas du tout prêts à ça, jamais on n'avait dit : on arrête parce que tout va bien. Ça ressemble un peu à de la guérison ça, n'est-ce pas ?" sourit-elle.
Depuis, le Keytruda est devenu un incontournable de l’immunothérapie, la révolution de ces dernières années dans la recherche sur le cancer. Son principe est tel que le médicament va aider et renforcer le système immunitaire, le système naturel de défense du corps. C’est donc le corps du patient lui-même qui se bat contre la tumeur.
Toutefois, le Keytruda ne fonctionne pas sur tous les malades. Mais au gré des essais cliniques, il est prescrit pour de plus en plus de cancers différents, 14 en France aujourd’hui : du mélanome au cancer du sein triple négatif, l’un de ceux que l’on soigne le moins bien, ainsi que ceux touchant l'œsophage, le poumon, le rein, ou encore endomètre. Et ce n’est pas fini.
20 000 malades traités en France
S’il ne fonctionnait pas jusqu’à présent sur le cancer de l’ovaire, l’équipe du docteur Alexandra Leary, de l'Institut Gustave-Roussy, a trouvé une nouvelle stratégie, et présentera ses résultats au congrès de Chicago : "Si on se dit que l'immunothérapie seule ne va pas marcher, on va l'associer avec un antiangiogénique. Les résultats sont très encourageants, bien qu'ils soient encore préliminaires. Il faut bien commencer quelque part et on a besoin de nouvelles positives pour nos patientes avec un cancer de l'ovaire qui est très résistant."
Aujourd’hui, 20 000 malades français sont soignés avec du Keytruda. Pour Clarisse Lhoste, présidente en France du laboratoire américain MSD qui le commercialise, ces études présentées au congrès de Chicago vont avoir des conséquences à très court terme. "Ça permet aux patients de se dire que, possiblement, dans les quelques mois qui viennent, ces traitements seront disponibles en France, dans ces cancers bien particuliers."
A 5 200 euros l’injection, prix public en France, le Keytruda est aussi une manne pour le laboratoire américain : 17 milliards de dollars de revenus l’an dernier. Selon les estimations, il devrait devenir l’an prochain le médicament qui rapportera le plus au monde.
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