Pollution : combien de vies sommes-nous prêts à sauver ?
En se fondant sur des résultats récents d’études épidémiologiques, Santé publique France a mis à jour l'évaluation de l'impact des particules fines PM2,5 (particules d'un diamètre inférieure à 2,5 microns) sur la mortalité dans notre pays.
"La pollution d’origine anthropique (liée à l’activité humaine, NDLR) est responsable de 9% de la mortalité en France", écrivent les chercheurs dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), publié ce 6 septembre. La marge d’erreur associée à cette estimation est importante : la valeur exacte du nombre de vies perdues chaque année est évaluée, avec 95% de certitude, "entre 17.527 et 74.426" décès (soit entre 3,3% et 13,9% du total des décès).
Selon cette même estimation, dans les zones urbaines de plus de 100.000 habitants, du fait des PM2,5, un homme âgé de 30 ans a entre 5 à 25 mois d'espérance de vie en moins dans une ville polluée, en comparaison avec une ville moins polluée. "Le poids des PM2,5 est également important dans les zones rurales, [avec de 3 à 14] mois de perte d’espérance vie en moyenne", détaillent-ils.
Les chercheurs ont envisagé plusieurs scénarios de diminution de la pollution, plus ou moins optimistes.
"Si l’ensemble des communes de France continentale réussissaient à atteindre les niveaux de PM2,5 observés dans les 5% des communes les moins polluées de la même classe d’urbanisation, la mortalité [associée à la pollution] pourrait diminuer [de 7 points]", évaluent les chercheurs. En d’autres termes, 77% des décès liés à la pollution pourraient être évités chaque année (de 12.400 à 53.696 décès évités chaque année, sur 17.527 à 74.426 actuellement). En moyenne, cela correspond à un gain de 3 à 14 mois d'espérance de vie.
"Si aucune des communes ne dépassait la valeur guide de l’Organisation mondiale de la santé pour les PM2,5 (valeurs fixées à 10 μg/m3 d’air), [entre 6.300 à 27.650 vies pourraient être épargnées] chaque année." Si la valeur 2020 de la réglementation européenne (20 μg/m3) était respectée, de 4 à 17 vies seraient sauvées. Quel scénario sommes-nous collectivement prêts à adopter ?
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