La mélioïdose, une maladie largement sous-estimée
La maladie, provoquée par le bactérie Burkholderia pseudomallei (appelé bacille de Whitmore, bactérie présente dans l'eau et les sols), est endémique en Asie du Sud-Est et au Nord de l'Australie. Un nombre croissant d'infections a été rapporté ces dernières années en Europe.
Les formes chroniques se caractérisent par des abcès et des lésions suppuratives au poumon (simulant une tuberculose), au foie, à l'intestin, à la rate, mais sur la peau et dans le cerveau.
La forme aiguë de la maladie, qui se transmet de l'animal à l'homme, se manifeste par des infections respiratoires (pneumopathies nécrosantes), pouvant évoluer vers une septicémie (avec fièvre élevée, céphalées, diarrhées, vomissements, lésions cutanées et abcès).
Selon les auteurs de l'étude, publiée le 11 janvier 2016 dans la revue Nature Microbiology, la maladie, qui se propage surtout par l'intermédiaire d'animaux, est difficile à diagnostiquer. La contamination se fait par écorchures, plaies ou brûlures souillées, mais aussi par ingestion ou inhalation. La bactérie est, en outre, résistante à de nombreux antibiotiques.
La mélioïdose fait des milliers de morts
La maladie "tue beaucoup de gens de façon silencieuse", a expliqué à l'AFP Direk Limmathurotsakul, de l'unité de recherche en médecine tropicale de l'université Mahidol à Bangkok, co-auteur de l'étude.
En réévaluant des données de surveillance biologique publiées entre 1910 et 2014, son équipe a découvert que les cas de mélioïdose étaient largement sous-estimés dans les 45 pays où sa présence était déjà avérée, de même que dans 34 autres où elle n'a jamais été officiellement répertoriée. A Singapour, 550 cas de mélioïdoses ont été recensés ces dix dernières années dont un cinquième ont causé la mort.
Ils évaluent également à entre 68.000 et 412.000 le nombre de nouveaux cas de mélioïdose chaque année dans le monde, dont 36.000 à 227.000 aboutiraient à des décès.
Compte tenu des déplacements de populations et des agents pathogènes, la mélioïdose pourrait bien se développer à l'avenir dans des zones encore épargnées, ajoutent-ils, avant d'inviter les autorités sanitaires à accorder une plus grande priorité à cette maladie.
Source : Predicted global distribution of Burkholderia pseudomallei and burden of melioidosis. D. Limmathurotsakul et al. Nature Microbiology, 11 janvier 2016. doi:10.1038/nmicrobiol.2015.8
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