Journées de la schizophrénie : au cinéma en passant par les politiques, les idées reçues sur ce trouble psychiatrique perdurent
Les journées de la schizophrénie débutent samedi 16 mars et vont jusqu'au 23 mars. Le but : sensibiliser le grand public à cette pathologie psychiatrique qui touchait, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), environ 600 000 personnes en France en 2020. Une pétition a été mise en ligne le 26 février sur le site change.org et a déjà réuni plus de 13 000 signatures pour demander "d'arrêter d'utiliser les troubles psychiques comme des insultes". Dans le viseur notamment, les personnalités politiques qui abusent du mot "schizophrénie" pour s'en prendre à leur adversaire.
"Tout récemment, ce sont les propos de Jordan Bardella, qui s'est permis de porter un diagnostic psychiatrique en la personne du président de la République", explique Hugo Baup, médecin psychiatre au centre hospitalier de Périgueux, à l'origine de cette pétition. "Je pense que Monsieur Macron est atteint d'une schizophrénie inquiétante et dangereuse", a déclaré le président du Rassemblement national lors d'une visite au Salon de l'agriculture.
Un mésusage des troubles psychiques par les politiques
"Mais ces derniers mois, ces dernières années, ce n'est pas le premier", souligne Hugo Baup. Autre, exemple, en 2017, avec François Fillon : "Je ne suis pas autiste. Je vois bien les difficultés, j'entends bien les critiques." Pour Hugo Baup, "le mésusage des troubles psychiques est assez fréquent malheureusement, dans le paysage politique et audiovisuel français. Aussi avec les médias, les journalistes qui n'hésitent pas à utiliser la schizophrénie dans leur titre pour évoquer soit un climat un peu inquiétant, dangereux, ou pour souligner tel ou tel paradoxe."
"Des associations de familles, des usagers, des professionnels de santé, on estime tous ensemble que ces troubles psychiques, déjà très durs à vivre, doivent être sanctuarisés davantage."
Hugo Baup, médecin psychiatreà franceinfo
Hugo Baup espère une prise de conscience des milieux politiques et médiatiques et affirme que certains députés et sénateurs ont déjà signé la pétition mise en ligne. Autre combat, les a priori véhiculés par le cinéma. Par exemple, si vous avez en tête la double personnalité du héros de Fight Club quand on évoque la schizophrénie, il s'agit d'un carton rouge pour Jean-Christophe Leroy, directeur général de l'association Positive Minders. Il rappelle que Fight Club est "un film qui ne traite pas de schizophrénie. Une personne qui vit avec une schizophrénie rencontre des difficultés à faire la distinction entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Elle n'a pas du tout une double personnalité".
Sortir des figures stigmatisantes, notamment dans le cinéma
Des représentations stigmatisantes douloureuses pour les personnes concernées, mais surtout préjudiciables pour celles qui commencent tout juste à présenter des symptômes. "C'est ce qui va les amener à avoir de la difficulté à reconnaître leurs symptômes, explique Jean-Christophe Leroy. Or, c'est le fait d'avoir un accompagnement précoce qui va améliorer considérablement le pronostic d'évolution de la maladie." D'où l'urgence de clarifier de quoi on parle. L'association Positive Minders tente de faire progresser le combat des malades. Elle organisait vendredi 15 mars une cérémonie de remise de prix aux films les plus pertinents, ou non, en la matière.
"Le film qui a reçu le SchizAwards du meilleur film qui traite de la schizophrénie, c'est le Soliste", explique Jean-Christophe Leroy. Ce long-métrage de 2009 met en scène l'acteur Jamie Foxx en violoniste sans-abri, atteint de schizophrénie peu à peu remis d'aplomb par un journaliste qui voulait en faire un sujet d'article. Bien loin, donc, des figures de fous dangereux présents dans Fight Club, Split ou Shutter Island.
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