Journée mondiale du coeur : la professeure Claire Mounier-Véhier appelle les femmes enceintes à "anticiper" d'éventuels problèmes cardiaques
Après le confinement dû au Covid-19, on s'attend à un boom des naissances à la fin de l'année. Or, la grossesse est une "épreuve d'efforts" pour les femmes qui peuvent révéler une maladie cardiaque, alerte la cardiologue, co-fondatrice de la fondation "Agir pour le cœur des femmes".
La professeure Claire Mounier-Véhier, cardiologue au CHU de Lille, co-fondatrice de la fondation "Agir pour le cœur des femmes", alerte mardi 29 septembre sur franceinfo sur le cas particulier des femmes enceintes, la grossesse entraînant "des modifications du coeur". Des pathologies peuvent se révéler au sixième mois de grossesse, septembre au octobre donc pour les femmes ayant conçu pendant le confinement, préveint la cardiologue.
franceinfo : Pourquoi les femmes enceintes doivent-elles en particulier prendre soin de leur coeur ?
Claire Mounier-Véhier : Au travers des trois A du coeur d'Agir, "alerter, anticiper et agir", nous avons souhaité alerter les femmes sur le fait que la grossesse était une situation physiologique particulière.
C'est une épreuve d'effort, d'endurance, c'est comme si vous couriez un marathon nuit et jour.
Claire Mounier-Véhier, cardiologueà franceinfo
Cette grossesse entraîne des modifications du coeur, beaucoup plus de sang à évacuer à chaque contraction du coeur, et puis une augmentation de la fréquence cardiaque. Dans certains cas, ça peut décompenser une maladie cardiaque, la révéler. Si le placenta ne se fabrique pas très bien, ça peut donner de l'hypertension artérielle qui peut être dangereuse pour la maman et le foetus.
À qui se destine spécifiquement votre appel ?
On a trois cas de figures : si je suis cardiaque ou ai une maladie vasculaire, je ne fais pas un bébé toute seule, j'en parle à mon médecin pour préparer la grossesse. Si je suis enceinte et ai une maladie cardiaque qu'on ne connaissait pas, une maladie des valves, du muscle cardiaque, ou de l'hypertension, la grossesse va la révéler au deuxième trimestre. Enfin, on va préparer l'accouchement, parce que c'est encore une épreuve d'effort, et après l'accouchement on fera un bilan du post-partum pour réévaluer la situation cardiaque des femmes. Le message clé, c'est vraiment d'anticiper en préparant la grossesse, en arrêtant les traitements qui peuvent être tératogènes.
Pourquoi est-ce d'autant plus important de faire attention depuis le confinement ?
On sait qu'il y a plus d'accouchements prévus en fin d'année, début d'année prochaine, en raison du confinement. On est donc à six mois de grossesse pour les femmes qui ont conçu aux mois de mars-avril. Or c'est à partir du sixième mois de grossesse que les complications arrivent, notamment pour celles qui ont eu un placenta qui a mûri trop vite - je pense aux femmes hypertendues, aux diabétiques, aux femmes obèses. Toutes ces situations à risque font que les femmes qui ont du mal à fabriquer leur placenta vont révéler cette maladie à partir de fin septembre, début octobre.
Qu'est-ce qui doit alerter sur de potentiels problèmes ?
L'essoufflement à l'effort peut survenir pendant la grossesse puisque c'est un effort pendant neuf mois, mais un essoufflement qui se majore au point de ne pas pouvoir s'occuper de sa maison ou des autres enfants doit alerter, de même que des sensations d'épuisement, de palpitations, d'oppression dans la poitrine, ou quand on a du mal à respirer correctement quand on est allongée.
Il y a des signes plus spécifiques du placenta malade : des maux de tête intenses, des petits points brillants, des douleurs au creux de l'estomac.
Claire Mounier-Véhier
À l'apparition de ces symptômes-là, on fait le 15. Si la femme sent moins bien son bébé bouger, c'est aussi un signe d'alerte.
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