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Incontinence urinaire : comment dire adieu aux couches ?

Depuis 2003, l'Association française d'urologie (AFU) ouvre le dialogue sur l'incontinence urinaire une semaine en mars. Cette année, les urologues ont choisi un angle provocateur : la couche n'est pas la solution. Coup de projecteur sur les vrais traitements.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Trouver le mécanisme des troubles urinaires

"Nous avons choisi de parler des couches parce qu’on veut tordre le coup à toutes les idées reçues et contrebalancer la publicité faite sur les protections, explique le Dr Le Normand, urologue. Elles représentent un coût important pour les patients alors que ce n‘est pas un traitement  de l’incontinence !"

Les couches épongent un symptôme, mais elles ne s'attaquent pas à son origine : "si on utilise des protections, il faut consulter pour savoir de quel type d’incontinence urinaire il s'agit, reprend l'urologue. Il y en a trois types : l’incontinence d’effort ; celle par impériosité ; la troisième est mixte et elle associe les deux précédentes."

Plusieurs outils sont à la disposition du spécialiste, à commencer par l’interrogatoire, le moment où le médecin pose des questions précises pour mieux comprendre le mécanisme des fuites. Ensuite, un calenderier mictionnel est réalisé sur trois jours, où sont relevées les heures des mictions, celles où les fuites surviennent, les circonstances dans lesquelles elles apparaissent et les envies urgentes.

"Il est possible de télécharger des supports sur Internet, ou même d'utiliser une appli sur Iphone, appelée Mictionary", précise-t-il. Enfin, l'examen clinique complète cette première consultation : "chez une femme, on fera un examen gynécologique et on demandera à la patiente de tousser et de pousser pour observer si des fuites surviennent, explique le Dr Le Normand. Chez un homme ou une femme, pour analyser la miction, on fait une débitmétrie". Cet examen consiste à observer la miction (le fait d'uriner) pour déterminer si le jet est régulier et s'il reste un peu d'urines dans la vessie, après la miction.

Au terme de ces examens, le médecin sait de quel type d'incontinence urinaire souffre le patient.

Adapter les traitements au mécanisme

Les troubles urinaires sont complexes et une prise en charge a d'autant plus de chances de succès qu'elle cible le mécanisme en cause.

En cas d’incontinence urinaire d’effort, le traitement de première ligne chez les femmes est la rééducation périnéale : selon l'urologue, elle doit être faite de manière manuelle, pour bien faire comprendre quels muscles périnéaux contracter pour se retenir. La patiente doit également apprendre à les utiliser à bon escient, autrement dit à contracter le périnée avant la survenue de la fuite (par exemple avant de tousser ou de porter une charge lourde).

"Dix à quinze séances suffisent à apporter une amélioration, rassure le médecin. La rééducation marche dans plus de la moitié des cas et dans ce cas, les patientes doivent continuer à faire leurs exercices elles-mêmes pour ne pas perdre le bénéfice de la rééducation." En cas d'échec, la chirurgie offre des solutions qui vont de la bandelette (posée sous l’urètre, pour empêcher les fuites grâce à la compression partielle) au sphincter artificiel en cas d'insuffisance grave du sphincter, en passant par les ballonnets.

"En cas d'incontinence par impériosité, le premier traitement est comportemental, fondé sur le calendrier mictionnel, détaille le Dr Le Normand. On agit sur les facteurs favorisants, au premier rang desquels sont les excès de boisson. Si la vessie est trop sensible, il faut éviter de trop la solliciter en buvant trop."

Le stress est souvent très présent dans cette pathologie : un cercle négatif se met en place quand la vessie est hypersensible, par crainte des envies impérieuses, donc les techniques de relaxation sont conseillées par l'urologue. Des médicaments peuvent également être prescrits, comme l'oxybutinine, la solifenacine par exemple, ou en cas d'inefficacité ou d'intolérance aux précédents, le mirabégron. D'autres traitements ont émergé plus récemment, comme la stimulation tibiale postérieure. Une électrode est posée sur la peau au niveau du nerf tibial en arrière de la malléole et stimulée 20 minutes par jour, grâce à un appareil produisant des impulsions électriques. Comme le nerf tibial est issu de racines nerveuses participant à l'innervation de la vessie, sa stimulation modifie la perception du besoin.

"En traitement de seconde ligne, on propose la neuromodulation de la racine sacrée, qui est permanente, conclut l'urologue. On implante un petit stimulateur sous la peau, après un test préalable. Ou la toxine botulique peut être utilisée. Elle est injectée dans le muscle de la vessie, le détrusor, pour le paralyser partiellement. La durée d’efficacité est d'environ 6 mois. Le seul danger est d'être trop efficace et de trop paralyser le muscle, ce qui empêche les gens d’uriner (la technique d'autosondage est apprise au cas où, autrement dit le fait de sonder la vessie grâce à un petit cathéter)."

En cas d'incontinence mixte chez la femme, on commencera par le traitement de l’hyperactivité vésicale et si cela ne suffit pas, on s'occupera de l'incontinence d'effort par la rééducation ou la chirurgie. Enfin, quand l'incontinence urinaire est provoquée par un adénome de la prostate, on fera une résection au laser de la partie prostatique obstruant les voies urinaires.

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