: Document franceinfo Fin de vie : Catherine, première femme à bénéficier d'une euthanasie active en Andalousie, parle "d'une libération terrible"
Diagnostiquée d'une forme sévère de la maladie de Parkinson il y a 4 ans, cette Française de 63 ans est devenue la première femme à bénéficier d'une euthanasie active dans la région espagnole. Franceinfo a recueilli son témoignage.
Un dernier coup de sèche-cheveux pour peaufiner son brushing. Catherine* veut être belle pour son départ. "Je ne veux pas y aller avec les cheveux sales", sourit cette sexagénaire française, installée en Andalousie. Quatre ans après avoir été diagnostiquée d'une forme sévère de la maladie de Parkinson, Catherine a perdu toute autonomie et des auxiliaires de vie se relaient chez elle jour et nuit. "Le plus dur, c'est d'avoir quelqu'un ici tout le temps. Pour tout, pour m'habiller, pour marcher...", explique-t-elle. Elle a donc décidé d'avoir recours à l'euthanasie active.
À 63 ans, Catherine est la première femme a en bénéficier en Andalousie. Sa maladie est incurable et incapacitante. Et son choix, éclairé : "J'ai toujours pensé que le jour où je ne serais plus capable d'être moi-même, je voudrais en terminer", affirme-t-elle.
Une décision mûrement réfléchie
Si la légalisation de l'euthanasie est entrée en vigueur en Espagne en juin 2021, la commission régionale andalouse n'a été mise en place que cinq mois plus tard. Ce n'est donc que le 26 décembre dernier qu'une réponse positive est arrivée pour Catherine : "C'était mon cadeau de Noël. Pour moi, c'est une libération terrible."
L'une de ses auxiliaires de vie et amie de longue date, Pascale, l'a accompagnée dans les démarches. "Dès l'été, on était là à monter le dossier, et tout a été bouclé relativement rapidement. Mais il y a eu une attente très longue, du fait que la commission n'était pas montée et qu'elle a tardé à se constituer", raconte-t-elle, précisant que cette attente a été très douloureuse pour Catherine. "Elle avait un tel désir de partir, et puis elle voulait une date, elle ne pensait qu'à ça", se souvient Pascale. "Quand on ne peut plus rien faire soi-même, ni allumer une cigarette, ni boire un verre d'eau, absolument plus rien... Il ne reste rien en fait."
"Là, c'est la merde, alors autant aller voir ailleurs. Je vous raconterai"
Catherineà franceinfo
Pour déposer un dossier, il faut recevoir la visite de deux médecins, un généraliste et un spécialiste de la maladie du requérant. Catherine a dû changer de médecin généraliste, le sien ayant refusé d'accéder à sa demande.
Selon Eva Camps Olmedo, de l'association nationale Droit à mourir dignement (DMD), le corps médical fait parfois barrage : "Il y a des docteurs et doctoresses qui n'acceptent pas les demandes, d'autres qui les acceptent mais les laissent dans les tiroirs sans faire aucune démarche... Bref, les professionnels ne savent pas quoi faire, ils n'ont pas d'information ni de formation, ils n'ont pas les outils pour accompagner ces personnes." Et les médecins espagnols peuvent toujours se déclarer objecteurs de conscience. Selon les sondages, 87% de la population espagnole est pourtant favorable à l'euthanasie.
Catherine s'est quant à elle définitivement endormie ce jeudi 13 janvier, chez elle, entourée de ses proches et d'une équipe médicale.
*Le prénom a été modifié
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