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Vidéo "Tout le monde n'en sort pas indemne" : des Français témoignent de leurs vies "ébranlées" par l'épidémie de Covid-19

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VIDEO. "Tout le monde n'en sort pas indemne" : des Français témoignent de leurs vies "ébranlées" par l'épidémie de Covid-19
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Près d'un an après les débuts de la pandémie, onze Français témoignent auprès de franceinfo des bouleversements provoqués par le Covid-19 dans leurs vies. D'un deuil impossible à une plongée dans la précarité, voici les témoignages de Julie, Hugues, Anne et Marc. 

Julie, 37 ans, aimerait "qu'on parle davantage de nous, de nos proches". De ces Français victimes de l'épidémie de Covid-19, et de leurs familles, endeuillées depuis bientôt un an. "Derrière les chiffres, il y a des vies en fait, ou il y a des morts, résume-t-elle douloureusement. Et il y a des vies qui restent, mais qui sont ébranlées." 

La perte d'un proche, le traumatisme de la réanimation, le déclassement social. Ces vies "ébranlées" par le coronavirus, franceinfo a choisi de les raconter. Onze Français témoignent de ces bouleversements, comme Julie, Hugues, Anne et Marc. 

Le quotidien de Julie a basculé le matin du 25 mars 2020. A 7 heures du matin, un médecin constate le décès de son père, seul à son domicile. Et ce, malgré six appels aux services de secours les 23 et 24 mars. Le Covid-19 a emporté en six jours cet homme de 67 ans, loin de ses enfants. "Cinq heures après son décès, il a été crématisé sans qu’on donne notre accord", lâche Julie. 

"Le vide que laisse mon père dans ma vie, la violence du départ et, derrière, du protocole funéraire, ça, c’est quelque chose qui est très violent pour moi. On est détruit."

Julie, dont le père est mort du Covid-19

à franceinfo

Hugues, lui, est un survivant. A 22 ans, cet étudiant parisien n'aurait pu avoir qu'une forme bénigne du Covid-19. Mais il a été hospitalisé 18 jours, dont huit en service de réanimation. "Les médecins m’ont clairement dit qu’ils ne savaient pas ce que j’avais, qu’ils ne sauraient peut-être jamais, se remémore-t-il plusieurs mois après. Et un certain soir, le lendemain du jour où j’ai été admis en réanimation, ils m’ont dit : ‘On n’est pas sûrs que tu passes la nuit’." 

"J’étais terrorisé de me dire que je n’avais pas eu le temps de faire ce que je voulais dans ma vie, que ça allait sûrement s’arrêter du jour au lendemain."

Hugues, patient soigné en réanimation

à franceinfo

Le jeune homme va aujourd'hui mieux, mais sa peur de "s'éteindre dans [sa] chambre, tout seul" a laissé des traces. "C'est une forme de stress post-traumatique", souligne-t-il. Des cauchemars, des crises d'angoisse ont émergé à sa sortie de l'hôpital. "Tout le monde n'en sort pas indemne." 

"Qu'est-ce qu'on fait de notre vie ?"

Pour Anne, ne pas sortir indemne de la maladie est une réalité chaque jour encore présente. Depuis bientôt neuf mois, elle vit avec des symptômes persistants du Covid-19. Enfin, je vois peut-être le bout du tunnel, mais ce sont des choses qui m’ont été interdites pendant des mois", témoigne cette artiste-peintre de 56 ans, également vendeuse dans un magasin. 

"Pendant des mois, j’étais couchée tout le temps parce que je ne pouvais rien faire. C’était tout le temps."

Anne, patiente atteinte de symptômes persistants du Covid-19

à franceinfo

Au pire de la maladie, Anne ne savait plus comment bien respirer dès qu'elle était couchée. "Au moindre effort, j’avais énormément de tachycardies, ajoute-t-elle. Je montais jusqu’à 140 pulsations par minute sans rien faire, au repos." Des symptômes longs, interminables, qui provoquaient une angoisse que ses médecins ne pouvaient calmer. "Je n’avais aucun espoir, même du corps médical, on ne savait pas me dire si j’allais guérir", relève l'artiste-peintre. 

Un impact physique, psychologique, mais également économique et social. Avec la pandémie, Marc, maître d'hôtel en extra sur la Côte d'Azur, raconte avoir perdu 90% de son activité. Plongeant ainsi, pour la première fois de sa vie, dans la précarité. 

"Je suis passé de 3 000 euros en moyenne par mois dans une période normale, à 600 euros. J’ai 3 000 euros de découvert à la banque, j’ai 3 700 euros de loyer en retard", énumère-t-il. 

"J’ai mon fils qui m’aide et les moindres petits boulots, la moindre occasion de gagner de l’argent, qu’elle soit légale ou pas, je la ferai."

Marc, maître d'hôtel en extra

à franceinfo

Car à 58 ans, ses candidatures sur Indeed, "comme chauffeur, agent de grande surface, agent polyvalent" restent sans réponse. "A 58 ans, on ne vous répond pas, lâche Marc, indigné. Qu’est-ce qu’on fait de notre vie ?"

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