: Vidéo Coronavirus : le récit d'une "descente aux enfers" à l'Ehpad de Cornimont, dans les Vosges
En quelques jours, l'Ehpad de Cornimont a vu disparaître 25 de ses pensionnaires, emportés par le coronavirus. Bouleversés, des membres du personnel racontent cette épreuve à "Envoyé spécial".
Ni l'une ni l'autre n'auraient imaginé vivre ça. Joëlle est infirmière depuis vingt ans dans l'Ehpad Le Couarôge de Cornimont, dans les Vosges. Isabelle est aide-soignante ici depuis trente-cinq ans. Comme les autres personnes qui travaillent ici, elles ont été dévastées par la fulgurance de l'épidémie de coronavirus.
En l'espace de quelques jours, l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes de Cornimont a vu disparaître 25 de ses pensionnaires. Les responsables de la résidence ont ouvert leurs portes à "Envoyé spécial" pour faire comprendre à quelle catastrophe ils doivent faire face. "On avait une résidente depuis plus de quarante ans, et qui est partie en deux jours", explique notamment Sophie Vinel, la directrice.
"On savait qu'ils allaient mourir, et que les familles ne seraient pas là"
A partir du moment où un résident, malade, a été hospitalisé et testé positif, "ç'a été la descente aux enfers", témoigne Joëlle. Il a fallu placer sous oxygène d'autres personnes fragiles. "On va probablement avoir des décès", a alors pensé Isabelle face à des pensionnaires qu'elle n'arrivait plus à lever ni à faire manger – avant de comprendre ce qui allait se passer. "On savait que, clairement, ils allaient mourir, et que les familles ne seraient pas là. C'était ça le plus terrible : que les gens soient tout seuls…"
"On les a mis dans une housse, et on a refermé la housse"
Joëlle se souviendra de cette triste journée où elle a dû appeler plusieurs familles l'une après l'autre pour les avertir du décès de leur proche : "Alors on le fait, et on pleure avec eux au téléphone."
"On est habitués à accompagner les résidents jusqu'à la fin, donc on fait la toilette mortuaire, on les fait beaux, on s'en occupe. Là, on les a mis dans une housse, raconte Isabelle, et on a refermé la housse. Et on a marqué la date de naissance et la date de décès sur la housse."
Extrait de "Ehpad : tragédie à huis clos", une enquête à voir dans "Envoyé spécial" le 9 avril 2020.
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