Vaccination anti-Covid-19 en Israël : "Il y a une chute des plus de 60 ans dans les unités de soins intensifs", relève un immunologue
Le professeur Cyrille Cohen, directeur du laboratoire d'immunothérapie de l'université Bar-Ilan, explique que la campagne de vaccination en Israël montre déjà des effets, alors qu'un tiers de la population a déjà reçu une première dose.
Le professeur Cyrille Cohen, immunologue à l’université de Bar-Ilan dans le district de Tel-Aviv, membre du conseil consultatif sur les essais cliniques des vaccins contre le Covid-19, affirme lundi 1er février sur franceinfo qu'Israël "commence à voir les effets de la vaccination" avec "une chute des infections de 50% et une chute des hospitalisations de 40%". "Dès le mois de juin, nous avions décidé que la vaccination devrait être une stratégie", a-t-il expliqué. 32,61% de la population israélienne a déjà été vacciné, selon les chiffres diffusés par le ministère de la Santé dimanche. Le gouvernement s’est fixé pour objectif d’immuniser la population israélienne âgée de 16 ans et plus dans son intégralité d’ici la fin du mois de mars.
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franceinfo : Commencez-vous à voir les effets de la vaccination ?
Cyrille Cohen : On commence à voir certains effets. Ce qui est en train de se passer, c'est qu'on a un mélange entre les infections très, très fortes à cause du variant britannique qui se déchaîne en ce moment en Israël et, d'un autre côté, on commence à voir les effets de la vaccination. Nous avons reçu des données comme quoi, par exemple dans les localités qui se sont faites vacciner pratiquement à 100 %, pour les plus de 60 ans qui sont notre priorité, on a vu une chute des infections de 50%, une chute des hospitalisations de 40% et une chute de patients critiques de 15%. On commence à voir les effets de cette vaccination.
Quelle est l’efficacité de la vaccination sur ces nouveaux variants ?
On peut se protéger grâce aux vaccins. Le gros problème qu'on a, c'est le variant sud-africain qui est également arrivé en Israël. On a recensé une trentaine de cas. On sait que ce variant sud-africain semble être un peu plus résistant aux vaccins, d'après des études qui ont été publiées aux États-Unis. C'est vraiment une course, en ce moment.
Les vaccins ont-ils changé les profils des malades ?
Ce que l'on voit aujourd'hui, c'est qu’il y a une chute des plus de 60 ans dans les unités de soins intensifs en Israël. Quand je dis une chute, c'est à peu près 20% sur les deux dernières semaines. Et on voit de l'autre côté une montée des jeunes. C'est là qu'on voit que la moyenne d'âge des patients baisse. On pense que c’est dû à la vaccination parce que les gens âgés ont été justement vaccinés. Nous avons d'autres données par le ministère de la Santé qui montre justement que le taux d'infection chez les personnes vaccinées est tombé 0,03% à peu près. Comparé à un échantillon de personnes du même âge et de la même démographie, mais non vaccinées, on voit un taux d'infection de 0,6%. Donc, nous comprenons plus ou moins que l'efficacité, pour l'instant, est à peu près de 90%. Il faut attendre encore pour voir les véritables effets de cette vaccination sur la totalité de la population.
Pourquoi Israël a-t-il réussi sa campagne de vaccination ?
Dès le mois de juin, nous avions décidé que la vaccination devrait être une stratégie. Je fais partie du Conseil national des essais cliniques sur les vaccins. J’avais été contacté, on nous avait demandé de nous préparer à une stratégie vaccinale. Nous avons commencé à entrer en négociation avec différentes compagnies [le gouvernement israélien a commandé un total de 14 millions de doses auprès des laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna].
"On a acheté beaucoup de vaccins. C'est un pari qu'on a fait. Nous avons décidé d'acheter tout ce que l'on pouvait."
Pr Cyrille Cohen, immunologue à Tel Avivà franceinfo
On a misé sur la vaccination parce qu'un jour de confinement, cela équivaut à beaucoup de doses de vaccins. Il y a une grosse logistique qui s'est mise en place en Israël. On vaccine 2% de la population par jour en Israël. Et je crois que Pfizer, dans un sens, a réalisé qu'en Israël, on vaccine très vite et très bien. Et que, vu qu'Israël est aussi un petit pays, on n'aurait pas besoin de beaucoup de doses. Donc, en échange des données que l'on procure à Pfizer et aussi à l’OMS pour mieux comprendre cette vaccination sur l'échantillon de la population, on a réussi aussi à avoir plus de doses.
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