Vaccination des moins de 12 ans : "On doit rester prudent", estime l'infectiologue Odile Launay
Face au manque de données sur la vaccination des plus jeunes, l’infectiologue Odile Launay estime qu'il vaut mieux attendre et faire preuve de prudence.
"On doit rester prudent. Pour l'instant, nous n'avons pas de données", a préconisé lundi 20 septembre sur franceinfo Odile Launay, infectiologue, professeure à l’université de Paris, après l'annonce par Pfizer/Biontech que le vaccin est "sûr" et "bien toléré" pour les enfants de 5 à 11 ans.
franceinfo : Faut-il vacciner les enfants de moins de 12 ans ?
Odile Launay : Non, on doit rester prudent. Pour l'instant, nous n'avons pas de données. C'est une communication des laboratoires qui montrent une bonne réponse immunitaire chez l'enfant. On sait que les enfants répondent plutôt mieux que les adultes. Ils ont réussi à inclure un peu plus de 2 000 enfants et à montrer que ces enfants répondent bien au vaccin à des doses plus faibles que celles qui sont utilisées chez les adolescents et chez les adultes. Donc, on a des données en termes de réponses immunitaires, ils annoncent que les vaccins sont bien tolérés, de façon comparable à ce que l'on peut observer chez l'adolescent, mais il faut rester prudent. On n'a pas lu ces résultats et ils ont inclus dans ces essais 2 000 enfants ce qui est faible pour être assuré qu'on n'aura pas d'effets indésirables.
Que faut-il faire avant de vacciner les enfants ?
Avant de partir sur une vaccination chez l'enfant qui ne fait pas de forme grave ou de façon très limitée, on doit avoir plus de données sur un nombre plus important d'enfants avant de partir sur une vaccination à large échelle.
Cette vaccination est-elle souhaitable ?
Quand on parle de vaccination, on prend toujours en compte le bénéfice. Ce que l'on sait, c’est que le bénéfice pour l'enfant est relativement limité dans la mesure où le Covid n'est pas une maladie grave chez l'enfant. Donc, on doit avoir la possibilité d'évaluer de la façon la plus précise possible les risques, les effets indésirables fréquents et plus rares. Sur 2 000 enfants on n'en a absolument pas la possibilité.
Vacciner les enfants serait-il bénéfique pour l'ensemble de la population ?
L'objectif, c’est de réduire encore la diffusion et la circulation du virus pour augmenter la proportion de la population déjà immunisée. Si on a suffisamment d'éléments et qu'on peut vacciner sans faire courir de risques aux enfants, cela peut être un bénéfice et permettre de laisser ouvertes les écoles et les classes. Mais tout ça est une question de risques. On se doit d'avoir le maximum de données avant de s'engager dans une vaccination de ce type. Il est prématuré d'annoncer qu'on va tout de suite s'engager dans une vaccination des enfants.
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