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"Macron est en guerre contre nous" : en Guadeloupe, la grève contre la vaccination obligatoire se poursuit

Les manifestants multiplient les points de blocage depuis lundi. Les pompiers de l'île, qui refusent de se faire vacciner, se joignent au mouvement de contestation.

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le blocage du rond-point de perrin Les Abymes mené par des militants de l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG) pour portester contre l'obligation vaccinale des soignants, mercredi 17 novembre 2021. (CARLA BERNHARDT / AFP)

Sur le rond-point de Perrin aux Abymes (Guadeloupe), mercredi 17 novembre, une odeur de pneus brulés et des gendarmes transpirants tiennent à distance une trentaine de manifestants. Ils soutiennent les soignants soumis à la vaccination obligatoire. Eux aussi refusent de se faire injecter le vaccin, comme Jean-Marie, cagoule noire sur le visage : "On a le droit de décider ce qu'on veut s'injecter dans notre corps. Monsieur Macron a débuté les premiers jours en disant : 'Nous sommes en guerre'. On est en guerre et je pense qu'il est en guerre contre nous."  Les blocages continuent en Guadeloupe, au quatrième jour d'une grève générale illimitée lancée par un collectif d’organisations syndicales et citoyennes sur l’île. Ils s'opposent à l’obligation vaccinale contre le Covid-19 pour les soignants et contre le pass sanitaire.

>> Covid-19 en Guadeloupe : quatre questions sur la grève générale contre la vaccination obligatoire des soignants et le pass sanitaire

Mercredi ce sont notamment les accès au CHU de Pointe-à-Pitre et la circulation sur certains axes routiers qui ont été perturbés. Au rond-point de Perrin, aux Abymes, Jumaji, un autre manifestant, jure qu’il préfère tout perdre plutôt que de se faire vacciner : "C'est une abomination. On ne peut pas demander aux gens aujourd'hui, contre leur gré, de se faire administrer un produit dont on ne sait pas de quoi il est fait."

En Guadeloupe, la méfiance est forte envers le vaccin mais aussi envers les autorités depuis le scandale du chlordécone. Pour Dig, ces décisions prises depuis Paris revêtent un caractère colonial. Et il y a aussi, pour lui, l’importance de la médecine traditionnelle : "Il y a des choses avant de prendre le vaccin qu'il fallait faire... Le Phytobôkaz [produit à base de plantes] comme chez nous, on connait."

"Ils nous ont traités de quoi ? De magico religieux, de vaudouisants, comme si on était des cons. On ne veut pas de vaccin ! On ne veut pas de vaccin, vous nous foutez la paix avec ça !"

Dig, manifestant anti-vaccination

à franceinfo

À quelques mètres du rond-point, dans leur caserne, les pompiers refusent eux-aussi l’obligation vaccinale. Réunis en AG, ils votent la poursuite de la grève. Les pompiers sont 75% à ne pas être vaccinés, assure Jocelyn Zou, le représentant FO du SDISS 971. Réquisitionnés, ils continuent pourtant d’aller sur le terrain et c'est tout le paradoxe, souligne le syndicaliste, pour qui on peut donc travailler et ne pas être vacciné.

Mercredi, les pompiers guadeloupéens ont mené des opérations escargot pour dénoncer l’obligation vaccinale. Dans un communiqué, le préfet de Guadeloupe a déploré "l’organisation de manifestations et l’utilisation des moyens et des uniformes publics". Ce à quoi Jocelyn Zou répond : "En France hexagonale, les pompiers défilent en tenue aussi, et avec leurs voitures. Je crois qu'ils ne voulaient pas du tout qu'il y ait un débat. Le débat aujourd'hui est pour notre liberté, et ça, ils doivent l'entendre." Le SDISS 971 promet d’autres opérations ce jeudi.

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