Covid-19 : la clarification de la HAS "était très attendue" par les moins de 55 ans qui avaient reçu une première dose d'AstraZeneca
Jusqu'ici les patients "se demandaient vraiment ce qu'on allait leur administrer comme deuxième dose", souligne sur franceinfo Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Asso Santé, fédération qui regroupe les associations de patients.
La clarification de la Haute Autorité de santé (HAS) sur le vaccin AstraZeneca contre le coronavirus Covid-19 "était très attendue" par les patients, a déclaré vendredi 9 avril sur franceinfo le Dr Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Asso Santé, fédération qui regroupe les associations de patients.
Désormais, les moins de 55 ans vaccinés contre le Covid-19 avec une première dose d'AstraZeneca auront leur deuxième avec un autre vaccin, Pfizer ou Moderna. Jusqu'ici les patients "se demandaient vraiment ce qu'on allait leur administrer comme deuxième dose", souligne Jean-Pierre Thierry. Selon lui, "il n'y a pas de craintes particulières sur le changement de produit, qu'on appelle 'l'interchangeabilité".
franceinfo : Cette clarification de la HAS, vous l'attendiez ou cela embrouille encore un peu plus les choses autour du vaccin AstraZeneca ?
Jean-Pierre Thierry : Elle était très attendue, puisque un peu plus de 500 000 personnes ont reçu une première dose d'AstraZeneca, avec une majorité de soignants mais pas seulement, donc ils se demandaient vraiment ce qu'on allait leur administrer comme deuxième dose.
Il n'y a pas de crainte sur le fait de recevoir la deuxième dose avec un autre produit ?
L'avis de la Haute Autorité de santé rendue aujourd'hui permet de penser qu'il n'y a pas de craintes particulières à ce qu'on appelle "l'interchangeabilité". En fait, c'est un peu connu dans le monde des vaccins, quand on a des rappels, quelquefois on change de marque de vaccin. En l'occurrence, on change de plateforme en termes techniques, c'est-à-dire que ce n'est pas du tout le même mécanisme. Mais en réalité c'est bien la même protéine qui est fabriquée aussi bien par AstraZeneca que par les vaccins à ARN messager. Donc, il n'y a pas de risque particulier à ce niveau-là.
Ne craignez-vous pas que ce nouveau revirement nourrisse un peu plus la défiance à l'égard de ce vaccin ?
La défiance a été focalisée d'une certaine façon sur l'AstraZeneca parce qu'il y a eu un lancement un peu compliqué. Au début, il était réservé d'abord aux gens de moins de 65 ans. Après, il y a eu ce qu'on appelle "un signal de pharmacovigilance". Dans ces cas-là, puisque c'est un vaccin, les agences comme l'Agence européenne du médicament, l'Agence nationale de sécurité du médicament ou la Haute Autorité de santé en France appliquent vraiment une extrême précaution. Face à ce signal qui traduit un risque très faible, presque hypothétique, ça a pu effectivement augmenter l'hésitation vaccinale qui s'est surtout portée sur AstraZeneca. Là, c'est aussi une façon de lutter contre l'hésitation vaccinale, à partir de données scientifiques assez bien établies qui montrent qu'il n'y a aucun inconvénient, et peut-être même un léger avantage à changer de vaccin pour la 2e dose, tout en appliquant le délai de trois mois entre les doses.
Autre arbitrage, pour les territoires où le variant sud-africain est très présent, la Haute autorité de santé recommande d'utiliser les vaccins Pfizer, Moderna et bientôt Janssen, plutôt que l'AstraZeneca...
C'est un autre sujet : c'est la question de l'efficacité des vaccins par rapport au virus sud-africain. Il y a eu une première étude en Afrique du Sud, mais c'était des cas modérés, donc elle est quand même contestée. Il y a les études qu'on peut faire en laboratoire, mais ce qui va compter au final c'est l'étude en vie réelle. On sait déjà qu'AstraZeneca, comme les deux autres, marche très bien sur le variant britannique. Heureusement en France, le variant sud-africain et brésilien circulent relativement peu. Celui qui a un avantage compétitif, c'est le variant britannique.
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