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Vacances d’été : le secteur du tourisme demande à "rouvrir le plus vite possible mais avec responsabilité"

Le président du groupement national des chaînes hôteliers Jean-Virgile Crance affirme sur franceinfo que les acteurs touristiques veulent agir pour éviter "une deuxième vague qui serait encore plus catastrophique".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La plage déserte de Palavas-les-Flots, le 29 avril 2020, en plein confinement lié au coronavirus. (PASCAL GUYOT / AFP)

Faut-il réserver ou pas ses prochaines vacances d’été ? Si le ministre de la Santé, Olivier Veran, recommande aux Français de ne pas le faire pour le moment, le président du groupement national des chaînes hôteliers, Jean-Virgile Crance, invité de franceinfo dimanche 3 mai, rappelle au contraire que l’on peut réserver pour cet été avec la garantie d’être remboursé, si la situation ne s’améliorait pas. Il appelle néanmoins les Français à "continuer à faire les efforts nécessaires" face au virus pour sortir "au plus vite de cette situation catastrophique" pour le secteur.

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Si la filière du tourisme souhaite "rouvrir le plus vite possible", Jean-Virgile Krantz l’affirme : les hôteliers et les autres acteurs touristiques veulent agir "avec responsabilité" pour éviter "une deuxième vague qui serait encore plus catastrophique" pour le secteur, qui anticipe une baisse, pour 2020, de 40 à 60% de son chiffre d’affaires.

franceinfo : Comment réagissez-vous aux propos du ministre de la Santé, qui préconise de ne pas se précipiter pour réserver un billet d’avion pour cet été ?

Il y a deux façons de voir les chose : à la fois l'aspect sanitaire, et l'aspect économique. Sur l'aspect sanitaire, d'une part je n'ai pas les compétences pour commenter, et d'autre part je crois que c'est la priorité. On a compris que nous avions cette guerre à mener contre ce virus et il semble que ce soit plutôt bien engagé pour sortir de cette période catastrophique que nous traversons. Et donc, nous les professionnels, nous sommes prêts aujourd'hui à nous préparer à rouvrir les établissements qui ont du être fermés, à relancer nos activités, mais bien entendu, de tels messages sont particulièrement anxiogènes et ne facilitent pas la tâche de la reprise, mais nous y travaillons.

On ne sait pas si les plages seront rouvertes cet été. Vous souhaitez des décisions rapides à ce sujet ?

Aujourd'hui, nous travaillons avec Jean-Baptiste Lemoyne, notre secrétaire d'Etat au Tourisme, qui disait d'ailleurs hier que quelque part, ces vacances, cet été seront des vacances qu'il faudra mériter et peut être encore plus mériter que d'habitude puisqu'elles seront obtenues à partir du moment où toutes les Françaises et Français auront fait les efforts nécessaires, en respectant à la fois ce confinement et les différents gestes barrière et toutes les précautions nécessaires au moment du déconfinement.

Je crois que plus l'effort sera fait de façon collective, plus vite, bien entendu, nous pourrons sortir de cette situation.

Jean-Virgile Crance

à franceinfo

Ce qui a été convenu avec le gouvernement, c'est que nous devons nous revoir fin mai, puisque l'appréciation pourra être faite de cette première étape de déconfinement. En fonction de cette appréciation, il est convenu que nous puissions arrêter une date de réouverture des bars, des restaurants, de nos différentes activités de loisirs liées à l'activité touristique. Il est évident que nos métiers, notre filière, demandent à ce que nous puissions rouvrir le plus vite possible. Mais cela dit, avec responsabilité. Et quand je dis avec responsabilité, c'est que quelque part, on a une épée de Damoclès au dessus de nos têtes qui nous dit que si nous rouvrons, si nous relançons nos activités, si le déconfinement se fait trop rapidement et sans toutes les précautions et maintien des gestes barrière et sans respect des consignes, nous risquons une deuxième vague qui serait - bien entendu - encore plus catastrophique pour notre tissu économique.

Fin mai, nous espérons en effet avoir de bons résultats, un bon message du gouvernement, qui nous permettra de relancer nos activités très rapidement, au mois de juin et d'assurer une saison d'été sur juillet août qui puisse répondre à l'attente des Français et des Françaises. Et qui puisse relancer notre activité qui est dans une situation catastrophique.

Combien de réservations ont été passées auprès des hôtels, notamment des campings, des gîtes français, pour les mois à venir, depuis le début du confinement ?

Aujourd'hui, on a très très peu de réservations. On gère beaucoup plus, en effet, les annulations et les reports. Vous savez qu'on a mis en place un système où on assure, bien entendu, la possibilité du report des réservations qui ont été faites. Un certain nombre d'acteurs, et en particulier dans l'hôtellerie, réfléchissent à mettre en place des conditions commerciales spécifiques qui, probablement à partir du mois de juin, permettront une souplesse commerciale d'annulation si besoin sur cette période d'été. Mais nous avons besoin, bien entendu au plus vite, de pouvoir engager ce processus de réservation.

Est-ce que vous demandez aux Français de commencer à réserver pour cet été, pour aider le secteur à s’organiser, même si le ministre de la Santé dit l’inverse ?

Aujourd’hui, vous avez la garantie soit du report de votre réservation soit du remboursement, puisqu'il y a eu une ordonnance qui a été passée - l'ordonnance des avoirs - qui permet de garantir au consommateur qu'il peut avoir un report de sa réservation pendant une durée au maximum de 18 mois et qu'à l'issue de cette période, de toute manière, le professionnel auprès duquel il a réservé a l'obligation de le rembourser. Donc, aujourd'hui, tout consommateur qui fait une réservation ne prend pas de risque et pour autant, cela lui permet d'anticiper ses vacances. Ça lui permet de réserver ce qu'il souhaite là où il le souhaite. Je n'ose pas imaginer qu'à partir début juillet, tous nos établissements de la filière tourisme ne puissent pas être rouverts. Ce serait bien entendu, si c'était le cas, une situation catastrophique, en sachant qu'aujourd'hui, nous sommes déjà dans une situation qui est on ne peut plus difficile pour nos professionnels. On estime d'ailleurs une baisse de chiffre d'affaires sur l'année 2020, qui serait entre moins 40% et moins 60% de chiffre d'affaires au niveau de nos entreprises.

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