Universités : "Certains étudiants cas contacts ou ayant le Covid sont venus aux examens de peur de se retrouver avec un zéro", affirme l'Unef
Le syndicat étudiant dénonce l'indécision du ministère de l'Enseignement supérieur qui ne rend pas obligatoire l'organisation de session de substitution et, d'une manière générale, le manque de prise en compte de la détresse des étudiants.
"Certains étudiants cas contacts ou ayant le Covid sont venus aux examens de peur de se retrouver avec un zéro", a affirmé lundi 11 janvier sur franceinfo Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant l'Unef et étudiante en droit. "Il n'y a pas de réelle adaptation de la manière dont se tiennent les examens" en ce mois de janvier, dénonce la représentante des étudiants. Interrogée sur l'incendie qui a touché un gymnase de Nantes qui devaient accueillir des partiels, Mélanie Luce estime que la forte détresse "ne doit pas s'exprimer par la violence, ce n'est pas la solution".
franceinfo : Un gymnase de l'Université de Nantes qui devait accueillir des étudiants pour passer des examens a été incendié cette nuit. Des inscriptions comme "Examen sous Covid, foutage de gueule" ont été retrouvées. Comment réagissez-vous à cette affaire ?
Mélanie Luce : J'imagine qu'une enquête a été lancée, on va bien voir ce qui en ressort. Ce qui est certain c'est que les inscriptions sur les murs démontrent qu'il y a une détresse qui est forte chez les étudiants. Elle ne doit pas s'exprimer par la violence, c'est certain, ce n'est pas la solution. Par contre, il y a une détresse qui est forte sur la tenue des examens. Ce qu'on constate à Nantes, mais aussi dans d'autres universités, c'est qu'il n'y a pas de réelle adaptation de la manière dont se tiennent les examens. Un exemple : on devait avoir des examens en présentiel, et pour tous les étudiants qui avaient le Covid ou qui étaient cas contacts, on n'a pas forcément de session de substitution qui ont été mises en place, ce qui signifie que certains étudiants cas contacts ou ayant le Covid, sont venus aux examens de peur de se retrouver avec un zéro dans leur moyenne et de se retrouver au rattrapage. C'était le cas à la Sorbonne, par exemple. On peut regarder la communication du ministère de l'Enseignement supérieur qui, face à la polémique qui a commencé la semaine dernière, a dit que si on était cas contact ou si on avait le Covid, on n'était pas obligé de venir et qu'il y aurait une session de substitution.
Deux jours après, le gouvernement, le ministère revient sur ses paroles en expliquant que les sessions de substitution ne sont pas obligatoires et donc que les inquiétudes des étudiants étaient confirmées.
Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant l'Unefà franceinfo
Que demandez-vous exactement ?
Ce qu'on demande depuis des mois, c'est qu'il y ait une réelle mesures d'adaptation, par exemple la généralisation de sessions-balais en France et que ce soit obligatoire. On demande aussi que quand on a des examens, ils ne portent pas en majorité sur ce qui a été vu à distance puisque tout le monde n'a pas pu suivre. On demande que quand on a des examens en présentiel, on s'assure que les distances de sécurité soient respectées, parce qu'on a vu la semaine dernière des examens avec des étudiants entassés les uns sur les autres. Et ça, ce n'est pas possible parce que c'est simplement développer l'épidémie. Et puis surtout, ça nous interroge : on voit qu'on peut venir en présentiel pour des examens, c'est parfois nécessaire, par contre quand il s'agit de nos cours, on ne peut pas. Donc, on commence à se demander : est-ce que c'est plus important de nous évaluer ou de nous former ?
Vous souhaiteriez que tous les partiels se fassent à distance ?
Non, nous ce qu'on demande, c'est surtout que les partiels soient adaptées, ça dépend des filières et ça dépend des examens. Il y a des examens qui doivent se tenir en présentiel et des examens qui peuvent se tenir à distance, mais uniquement quand on s'assure que toute la promotion a bien les outils pour pouvoir faire les examens à distance. Je rappelle que 10 à 25 % des étudiants n'ont pas les outils numériques. Dans chaque université, on a fait des demandes très précises en fonction du contexte local. Malheureusement, de manière générale, on est loin d'avoir des réponses à toutes nos questions.
À Lyon, un étudiant est dans un état grave après s'être défenestré dans sa résidence universitaire. On ne connaît pas les raisons de son geste. La fermeture des amphi fragilise-t-elle les étudiants ?
On a dû suivre pendant des mois des cours chez nous, parfois dans un 12 mètres carrés insalubre. C'est certain que ça crée un stress très important, il y a une détresse psychologique forte chez les étudiants, due à la fermeture des établissements mais pas uniquement, c'est dû aussi à une précarité extrême qui s'installe. C'est un énième cas de tentative de suicide en résidence universitaire. On a alerté avant les vacances, en demandant à ce que le gouvernement publie des chiffres sur les suicides. On a quand même un Premier ministre qui nous a expliqué qu'il y avait des suicides chez les étudiants, mais sans rien nous dire et sans proposer de solutions. Et puis, en demandant un plan sur la santé mentale des étudiants, en demandant des mesures concrètes, un chèque santé, par exemple, qui permet d'avoir des visites gratuites chez les psychologues et surtout un plan de long terme qui permet de continuer d'augmenter le nombre de psychologues dans les établissements, qui permet de faire en sorte que les séances soient remboursées par la Sécurité sociale, qui permet aussi de travailler sur le bien-être des étudiants de manière plus générale.
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