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Primaires aux États-Unis : "Joe Biden ne peut pas faire campagne parce que la lumière médiatique est sur la Maison Blanche"

Bernie Sanders s'est finalement rangé derrière l'ancien vice-président pour défier Donald Trump à la présidentielle. "C'est le pari de la raison", a commenté Thomas Snégaroff, historien de franceinfo et spécialiste des États-Unis.

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Joe Biden désormais seul démocrate en lice pour la Maison blanche (ici, lors d'un débat télévisé à Washington, le 15 mars 2020). (MANDEL NGAN / AFP)

Bernie Sanders a abandonné mercredi la course à la Maison Blanche tout en promettant de travailler avec Joe Biden, assuré normalement d'affronter Donald Trump à l'élection présidentielle de novembre prochain. Pour autant "Joe Biden ne peut pas faire campagne parce que la lumière médiatique est sur la Maison blanche", a expliqué jeudi 9 avril sur franceinfo Thomas Snégaroff, historien de franceinfo, spécialiste des États-Unis.

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franceinfo : Pourquoi Bernie Sanders a-t-il abandonné ?

D'abord parce qu'il n'avait plus beaucoup de chemin pour l'emporter. Il avait pris beaucoup de retard dans les primaires qui avaient eu lieu, l'électorat africain-américain, nécessaire pour remporter la primaire chez les démocrates, ne lui a jamais été favorable. En 2016, c'était pareil, mais il avait continué jusqu'au bout. La différence avec aujourd'hui tient au coronavirus. Il n'y a plus de campagne, de meetings. Il sait aussi que l'objectif principal de son parti c'est de vaincre Donald Trump et on sait qu'il y a quatre ans le fait d'avoir prolongé la campagne avait créé des clivages tellement forts au sein du parti que beaucoup d'électeurs de Bernie Sanders n'étaient pas allés voter pour Joe Biden. Donc, c'est le pari de la sagesse, de la raison.

Que représente Joe Biden ?

Il représente celui qui a été le vice-président de Barack Obama, même si sa carrière est plus longue que ça. Il y a plus de 40 ans, au début des années 1970, il était élu au congrès des États-Unis. Mais pour les Américains, il reste le vice-président de Barack Obama.

Aujourd'hui, il y a une nostalgie Barack Obama, et quatre ans après sa disparition de la vie politique et le fait qu'il soit si peu présent, cela a renforcé son image. Joe Biden est inscrit dans cette nostalgie.

Thomas Snégaroff, historien

à franceinfo

C'est pour cette raison qu'il a été aussi fort chez les électeurs africains-américains pendant la primaire et aussi la raison laquelle l'engagement aux côtés de Joe Biden pour cette campagne de 2020 sera plus efficace que lors de celle de 2016.

Donald Trump joue-t-il son avenir dans la gestion de cette crise ?

Je ne sais pas, j'hésite entre deux idées. On pourrait dire qu'une crise pareille ne pourrait qu'avoir des conséquences majeures sur les élections. Sauf que, quand on regarde l'opinion américaine, on se rend compte que c'est toujours pareil. Ceux qui sont favorables à Trump restent favorables à Trump et considèrent qu'il gère magnifiquement bien la crise actuelle. Donc, d'un côté je me dis que cela ne peut qu'avoir un impact énorme, mais de l'autre les lignes de clivage sont tellement énormes aux États-Unis que même une crise de ce niveau-là ne me semble pas en mesure de faire bouger les lignes. Ce que je dis est valable pour aujourd'hui. Je ne sais pas ce qu'il en sera en novembre prochain. Ce qui est clair c'est que Joe Biden ne peut pas faire campagne parce que la lumière médiatique est sur la Maison Blanche. Tous les soirs, Donald Trump fait un briefing à la Maison Blanche parce qu'il veut tenir ce discours du chef de guerre qui tient ses troupes et qui dans la crise garde le cap.

L'élection peut-elle être repoussée ?

C'est la question qui agite les constitutionnalistes américains. Cela n'est pas prévu. Cela a toujours été début novembre, cela a toujours été le cas malgré les guerres, il n'y a jamais eu de report. On n'imagine pas ça aujourd'hui.

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