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Peut-on guérir d'une infection au coronavirus 2019-nCoV ?

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des patients sont admis dans un centre de conférences converti en hôpital, le 5 février 2020 à Wuhan (Chine). (CHINA DAILY CDIC / REUTERS)

Un lecteur de franceinfo a posé la question dans les commentaires de notre live. La réponse est oui. C'est même le cas pour l'immense majorité des patients contaminés. Explications.

Infecté par le 2019-nCoV, Wang Youxin a frôlé la mort. Après avoir passé 20 jours dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital de Wuhan, ce Chinois de 62 ans a finalement pu regagner son domicile sain et sauf, le 29 janvier. Ce sexagénaire a été le premier cas confirmé de guérison dans le pays. Depuis, des milliers de compatriotes sont venus à bout de la maladie. De quoi en rassurer certains : dans les commentaires de notre live, l'un de vous s'est inquiété de savoir s'il était possible de guérir de ce nouveau coronavirus. 

La réponse est oui : on guérit du nouveau coronavirus, comme on guérit de nombreuses maladies respiratoires infectieuses. A ce jour, plus de 42 000 cas ont été confirmés en Chine, selon ce bilan en temps réel dressé par une équipe américaine. Au total, 1 011 patients sont morts de l'infection et le nombre de personnes guéries est désormais de 4 061.

Les guérisons sont même l'immense majorité des cas. Le taux de létalité du nouveau coronavirus est aujourd'hui évalué autour de 2 ou de 2,2%, contre 4% ou 5% au début de l'épidémie. "Les moyens de diagnostic progressent, ce qui a pour effet d'augmenter le nombre de cas confirmés, explique à franceinfo Philippe Brouqui, de l'IHU (Institut hospitalo-universitaire) Méditerranée Infection de Marseille. Il est donc probable que le taux de mortalité diminue encore, car on découvre de plus en plus de cas". Le nombre de patients guéris devrait donc rapidement progresser dans les prochaines semaines.

Une prise en charge symptomatique

En France, les 11 cas confirmés au 11 février ont été automatiquement hospitalisés et placés à l'isolement. "La prise en charge est similaire aux autres infections de ce type, avec des traitements symptomatiques pour réhydrater les malades et faire tomber leur température". En cas de surinfection bactérienne, ce qui peut arriver avec ce type de maladies à virus, un traitement antibiotique peut également être administré. Il est aussi possible d'apporter aux patients un supplément d'oxygène.

L'infection peut être responsable d'une pneumopathie et les cas sévères peuvent nécessiter des soins intensifs, afin de contrôler les fonctions vitales et de permettre au patient de passer le cap de la maladie. Il convient d'ajouter que certains profils sont davantage à risque que d'autres, comme les personnes âgées ou souffrant de maladies comme le diabète, l'hypertension ou des pathologies coronariennes.

Quoi qu'il en soit, la prise en charge tente simplement d'atténuer les symptômes et ne peut pas lutter frontalement avec le virus. "Comme pour toutes les maladies respiratoires excepté la grippe, il n'existe pas de traitement antiviral spécifique contre le 2019-nCoV", rappelle Philippe Brouqui. "La seule information récente, c'est que les Chinois testent un grand nombre de molécules, dont certaines sont connues pour être actives et non spécifiques."

Le traitement antiviral se fait attendre 

La Commission nationale de la santé de la Chine est sans doute allée un peu vite en besogne en déclarant qu'un médicament anti-VIH associant deux molécules – le lopinavir et le ritonavir – pouvait être utilisé pour les patients atteints du 2019-nCoV. Pour l'heure, en effet, ces propos ne s'appuient sur aucune publication scientifique. Certes, le site Clinical Trials recense plusieurs études chinoises en cours pour tester l'efficacité de ces molécules et combattre l'infection, mais leurs résultats ne sont pas encore connus. Interrogée sur ce point, l'OMS a appelé à la prudence :

Il n'y a pas de thérapeutique efficace connue contre ce 2019-nCoV.

Tarik Jasarevic, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé

à l'agence Reuters

Par ailleurs, d'autres chercheurs se penchent sur un usage couplé de ce médicament antirétroviral et de l'interféron, une combinaison utilisée sur le coronavirus Mers dans un essai clinique en cours. Une autre option exploite également la piste d'un antiviral ayant servi dans le passé pour Ebola. Les auteurs de cette étude parue dans la prestigieuse revue Nature jugent la piste encourageante mais de nouveaux essais doivent encore être menés.

Si un médicament antiviral était mis sur le marché, le taux de guérison pourrait ainsi s'envoler. Un tel traitement permettrait également d'endiguer efficacement l'épidémie, car aujourd'hui, les autorités doivent surtout se contenter de réponses non sanitaires, comme les quarantaines. En dehors de la Chine, de nombreuses équipes sont donc à l'œuvre pour trouver une solution thérapeutique, par exemple à l'institut Pasteur à Paris ou à l'Institut Rega de Louvain (Belgique).

Pour être efficace, un antiviral peut par exemple inhiber les enzymes nécessaires au virus pour se dupliquer (protéase pour le VIH, neuraminidase pour la grippe...). Il est donc inutile de perdre du temps avec les différents remèdes évoqués sur les réseaux sociaux (fenouil, whisky et miel, homéopathie...). Leur usage ne permet en aucune manière de contrer la réplication du 2019-nCoV dans les cellules.

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