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Pénurie de vaccins contre la grippe : "C'est inacceptable" qu'il y ait une interruption d'approvisionnement, dénonce un pharmacien

Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) Gilles Bonnefond prévient qu'"à peu près 50% des pharmacies commencent à avoir des stocks très réduits et parfois carrément à zéro".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un vaccin contre la grippe chez un pharmacien à Paris le 13 octobre 2020. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), pharmacien à Montélimar, a affirmé mardi 20 octobre sur franceinfo qu’il y a "un retour à l'adhésion à la vaccination" contre la grippe chez les Français en cette période de crise sanitaire liée au Covid-19. "On a déjà vacciné pratiquement cinq millions de Français en moins de cinq jours. C'est pratiquement la moitié de ce qui a été fait toute l'année dernière".

En revanche, les laboratoires ne semblent pas suivre le mouvement : "Si les laboratoires n'accélèrent pas de livraisons à la fin de la semaine, il y a 70% des pharmaciens qui n'ont plus de vaccins". Pour Gilles Bonnefond, "laisser un temps d'interruption d'approvisionnement de vaccins est inacceptable".

franceinfo : Les pharmacies sont-elles en rupture de stock de vaccins contre la grippe?

Gilles Bonnefond : À peu près 50% des pharmacies commencent à avoir des stocks très réduits et parfois carrément à zéro parce qu'elles attendent des livraisons supplémentaires de la part des laboratoires et dont les stocks aujourd'hui sont dans des frigos des laboratoires au lieu d’être dans les frigos des pharmaciens. Donc, il va falloir que les laboratoires accélèrent la livraison pour éviter que les pharmaciens ne puissent plus vacciner et que les patients attendent des vaccins en espérant en avoir, ce qui n'est pas acceptable. Très clairement, si le laboratoire n'accélère pas de livraisons à la fin de la semaine, il y a 70% des pharmaciens qui n'ont plus de vaccins. Laisser un temps d'interruption d'approvisionnement de vaccins est inacceptable. On va expliquer à la population qu’il faudra un petit peu attendre en espérant que les livraisons promises soient au rendez-vous. Mais on ne peut pas, quand on est dans le champ de la santé, et qu'on est dans le champ de la prévention, avec un risque sanitaire tel ne pas avoir une réaction rapide de la part des laboratoires pharmaceutiques.

15 millions de doses commandées par les autorités sanitaires, est-ce suffisant ?

Si on a les 15 millions de doses, cela sera à peu près suffisant. Il faut être sûr que ces 15 millions de doses soient disponibles. L'État est en train de se mobiliser pour récupérer des doses sur le marché européen pour le mois de décembre. J'attends d’être sûr que les laboratoires ont bien mis sur le marché des doses supplémentaires. Il avait prévu de mettre 20% de plus que l'année dernière. Je voudrais être sûr que ces doses soient disponibles dans les pharmacies pendant toute la période et éventuellement, qu'elles ne sont pas parties non plus ailleurs. Je sais que l'hôpital a récupéré des doses et c'est très bien que les professionnels de santé se vaccinent beaucoup plus que l'année dernière. Et ça, c'est aussi la seconde bonne nouvelle, en plus des patients âgés qui ont un bon de prise en charge et qui ont besoin de se faire vacciner, ça aussi, c'est l’autre bonne nouvelle. Mais moi, j'attends de voir le nombre de doses qu'on aura effectivement disponibles dans les pharmacies. J'espère que ces doses ne sont pas parties, par exemple dans des entreprises, alors que, dans les entreprises, le personnel qui se vaccine n'est pas prioritaire par rapport aux personnes âgées ou aux personnes qui ont des pathologies chroniques.

Voyez-vous beaucoup de personnes non prioritaires dans les pharmacies qui veulent se faire vacciner ?

Très peu de personnes. Je pense que les Français ont bien respecté les consignes. Ça aussi, c'est rassurant. On voit bien que quand il y a un danger de santé publique, contrairement à ce que l'on croit, le Français écoute les consignes des pouvoirs publics. Ce sont des personnes prioritaires qui sont venues à une très, très, très large majorité. Donc, on n'a pas de souci de captation de vaccins par la population qui n'est pas cible.

Sentez-vous que les Français ont plus envie de se faire vacciner ?

Oui, très clairement, puisqu’on a déjà vacciné pratiquement cinq millions de Français en moins de cinq jours. C'est pratiquement la moitié de ce qui a été fait toute l'année dernière pendant toute la campagne de vaccination. C'est un retour à l'adhésion à la vaccination, un retour à la prévention. Et ça, c'est une bonne nouvelle dans la perspective de l'arrivée de nouveaux vaccins contre le Covid-19. C'est au moins le côté positif de cette épidémie, c'est qu'on retrouve les Français dans la prévention et ça, c'est une bonne chose.

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