Pass sanitaire : "On a vraiment moins de monde", en Ariège, des restaurateurs s'adaptent comme ils peuvent à la présentation obligatoire des QR codes
Des restaurateurs ariégeois dressent le bilan du pass sanitaire obligatoire, une semaine après son extension. Certains voient les clients déserter, tandis que d'autres trouvent le moyen d'avoir les QR codes, même si les habitués les oublient.
En ce jour de marché à Pailhès, en Ariège, quelques clients font la queue pour acheter des légumes. La file s'allonge aussi devant le camion à pizzas. Mais en face, la terrasse de l'Estanquet reste vide. Loyola et Camille ont ouvert ce restaurant en 2018 et ils sont désemparés. "On ne travaille plus, on peut même se dire que la saison est terminée", résume Loyola, qui attribue l'absence de clients à l'application du pass sanitaire.
Depuis lundi 9 août, il doit obligatoirement être présenté pour entrer dans les cafés, bars et restaurants, même pour s'installer en terrasse. Après une semaine de rodage, les contrôles vont s'intensifier à partir du 16 août, et les premières sanctions pourront être prises par les forces de l'ordre si elles constatent qu'un client ne présente pas son pass ou que le gérant ne les contrôle pas.
Des clients habitués boycottent un restaurant
Le village de Pailhès compte près de 600 habitants. Habituellement de quoi constituer une clientèle d'habitués au couple. Mais ces derniers les ont prévenus qu'ils boycotteront les lieux demandant le pass sanitaire, donc leur restaurant. "On a vraiment moins de monde", constate Camille. "D'habitude, on est complet. Hier, j'ai eu seulement deux tables. Une de hollandais et une d'espagnols. Il n'y a pas de locaux".
Cette baisse d'activité a des conséquences sur l'approvisionnement. L'arrière-cuisine de Loyola est pleine. "Tout reste en réserve, tout rentre dans le frigo alors que ce n'est pas le cas d'habitude", décrit-elle. "Sur la marchandise, je commande deux à trois fois moins !"
Une commerçante conserve des copies des pass
Plus loin, au bord de la départementale, Séverine tient un snack, fréquenté lui aussi par des habitués, plutôt âgés. Ils ne rejettent pas le pass sanitaire. Le problème est plutôt d'ordre technique. "Beaucoup n'ont pas de téléphone portable, donc ils n'ont que le papier. Et parfois, ils l'oublient", explique la restauratrice.
"S'il y a un contrôle de police, je ne sais pas si mes clients âgés l'auront tout le temps sur eux."
Séverine, gérante d'un snack en Ariègeà franceinfo
Alors, Séverine a trouvé une solution. Elle conserve une copie des attestations de vaccination de ses habitués, dans une pochette en plastique, "comme ça je les ai et ils sont sûrs de ne pas les oublier".
Une gérante refuse de contrôler ses clients
D'autres, en revanche, se sentent mal à l'aise à l'idée de contrôler les clients, comme cette gérante. "On marche un peu sur des œufs en ce moment", témoigne-t-elle, sous couvert d'anonymat. "On aimerait ne pas avoir de contrôles. Et en même temps, on n'est pas non plus là pour faire la police à la place de la police. Donc on a décidé de ne pas le faire !"
Sur sa terrasse, sont disposées seulement deux tables, à bonne distance. À gauche, un client n'a pas son pass sanitaire et sirote une bière au soleil. À droite, Laurence, qui est vaccinée. Elle ne s'inquiète pas du manque de contrôle. "Il n'y a personne, là. On n'a peur de rien. Il n'y a pas besoin de contrôler tout, on est tranquille", estime cette cliente. La gérante envisage de fermer son bar la semaine du 16 août pour protester contre l'extension du pass sanitaire.
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