Cet article date de plus de quatre ans.

"On va s'adapter et remplacer l'agneau par du pain azyme" : la Pâque juive à l'épreuve du confinement

Avant le début du ramadan dans deux semaines et les fêtes de Pâques chrétiennes, Pessa'h, la Pâque juive, est célébrée à partir du mercredi 8 avril. Si c'est habituellement l'occasion d'un grand repas familial, la crise sanitaire du coronavirus oblige les croyants à s'adapter.  

Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La célébration de Pessa'h est traditionnellement l'occasion pour les Juifs d'un grand repas en famille. (photo d'illustration) (P DELISS / GODONG / GODONG)

C’est une période de fêtes religieuses confinées qui commence ce mercredi 8 avril. Avant le ramadan musulman dans deux semaines, Pâques pour les catholiques et les protestants ce week-end, c’est la Pâque juive qui est célébrée dès ce soir. Pessa'h est généralement l’occasion d’un grand dîner familial, mais difficile de respecter toute la tradition en temps de confinement.

>> Coronavirus : retrouvez toutes les informations dans notre direct

À quelques heures du début de Pessa'h, à Paris, Annie-Paule et sa fille Flora nettoient énergiquement le congélateur et le frigo. Ce sera tout pour le grand ménage habituellement réalisé avant ces célébrations. "J'ai pris la décision de ne pas faire se déplacer mon employé de maison, explique Annie-Paule. Je ne vais pas demander à une personne de prendre les transports en commun, de prendre des risques. J'ai assumé le fait de ne pas faire ce ménage complet."

Autre arrangement contraint avec la tradition, le menu. "Normalement la fête juive de Pâques se fait obligatoirement avec de l'agneau, et il n'y en a plus depuis dix jours dans les boucheries casher, vient de nous dire le boucher. Donc on va s'adapter et remplacer l'agneau par une feuille de pain azyme."

Les réunions virtuelles font débat

Ce soir autour de la table, il y aura Annie-Paule, son mari et leurs deux filles, adultes, qui habitent toujours dans l’appartement, mais évidemment pas les amis invités l’an passé. Pour casser le confinement, le recours aux smartphones, exceptionnellement autorisé par certains rabbins, fait débat.

"J'étais la seule à être prête à inviter des gens par Facetime et par Whatsapp, raconte Annie-Paule, parce que l'esprit de la fête prime, on ne laisse pas des gens seuls. J'ai eu des tollés d'opposition !" Notamment de la part de Flora, 21 ans."La famille qu'on a est décédée, donc sauf si on peut appeler l'au-delà, ça ne sert pas à grand-chose. Il y a des jours on l'on n'est pas censé utiliser l'électricité. C'est bien cette année, dans ces circonstances, qu'il faut faire le maximum pour avoir le Seigneur à nos côtés."

Des fêtes en petit comité

Se retrouver tous autour de la table n’aura peut-être pas non plus la même saveur quand on passe déjà toutes ses journées tous ensemble. Mais les quatre jours de fête sont bienvenus. C'est "un moment un peu plus serein où l'on va couper la télé pendant quatre jours. À force de regarder les informations, même si c'est pour s'informer, on s'angoisse nous-mêmes. Ça fait quand même une pause dans tout ce qui se passe actuellement", juge Flora.

Avec l’espoir que la sortie d’Égypte, célébrée par cette Pâque juive, précède sans trop attendre une sortie de confinement.

Les fêtes de Pâques en période de confinement - Reportage de Jérôme Jadot

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.