"On les a au téléphone, c’est important que les gens aient quand même un contact" : la vie à l'heure du confinement dans les zones rurales déjà isolées
Dans la Creuse et la Haute-Vienne, en Nouvelle-Aquitaine, les habitants sont confinés comme dans le reste de la France. Isolement, craintes, solidarité ou fatalisme, chacun gère cette situation inédite comme il le peut.
Sur la place du marché déserte de La Souterraine, commune creusoise, le docteur Gilles Petit s'arrête juste quelques minutes pour récupérer un paquet à la pharmacie. Pas de temps à perdre pour ce praticien. "J'ai vu un nourrisson de quinze jours pour lequel les parents étaient très inquiets, explique le docteur qui enchaîne les consultations alors que tout le département est confiné, comme le reste de la France, en raison du coronavirus. "J'ai vu des enfants aussi, qui peuvent être effectivement porteurs du virus avec des symptômes variables, poursuit Gilles Petit. Mais d'autres pathologies peuvent exister, donc il ne faut pas les méconnaître non plus."
Le moins de contacts physiques possibles
Fabienne Lamarre, la pharmacienne de la commune, va elle souffler quelques minutes pour déjeuner. Elle essaie de gérer la crise comme elle peut. "On laisse passer les gens l'un après l’autre : un rentre, l'autre sort, indique la pharmacienne.
On les laisse manœuvrer la carte Vitale. La carte bancaire est touchée le moins possible.
Fabienne, pharmacienneà franceinfo
Fabienne Lamarre doit en plus faire face à l'afflux de clients. "Il y avait un monde fou, donc j'avais mis des chaises dehors pour que les personnes âgées puissent s'asseoir et ne pas rester une demi-heure debout dans la file d'attente. C'est un peu le système D", raconte-t-elle. À l'église Notre-Dame de l'Assomption, Paulette prépare la nef pour des obsèques. "Pas plus de 20 personnes seront présentes à la cérémonie, indique la paroissienne, car l'église doit aussi respecter les mesures de confinement." Des mesures respectées aussi les autres jours de la semaine.
Il n'y a pas de célébration eucharistique le dimanche, tout est réduit. Et puis, chacun est invité à prier à la maison.
Paulette, paroissienneà franceinfo
Paulette doit aussi rassurer des paroissiens qui sont angoissés par ce confinement : "On les a au téléphone, c’est important que les gens aient quand même un contact. Parce que chez nous, la population est quand même assez âgée."
Des éleveurs désoeuvrés
A une vingtaine de kilomètres, Jean-Luc s'inquiète pour son exploitation. Éleveur à Saint-Sornin-Leulac, en Haute-Vienne, il avait préparé ses bêtes pour une foire agricole, sauf que le coronavirus a changé la donne. "Le concours a été annulé", indique l'éleveur qui voit déjà les effets économiques du confinement. "Les bêtes vont être invendables ou à des prix dérisoires, explique-t-il.
Les salariés vont toucher soit leur salaire, soit une partie. Mais nous on touche rien, on est non salarié. Tout est bloqué ou plus ou moins bloqué.
Jean-Luc, éleveurà franceinfo
Dans son élevage, "beaucoup de bêtes partent pour l'Italie ou l’Espagne", mais Jean-Luc redoute que ce soit impossible avec les fermetures. "Il n'y a pas de demande, certains abattoirs sont fermés. C'est grave quand même", se désole-t-il.
À Châteauponsac, Maurice profite du soleil pour bêcher dans son jardin. Il respecte les consignes à la lettre. "J'essaye de ne pas aller plus loin que chez moi. On évite les contacts", explique-t-il. Cet ancien de la guerre d'Algérie en a vu d’autres, il veut rester optimiste et ne veut pas se laisser abattre par la situation : "Ce n'est pas ça qui empêche d'avoir le sourire. Il faut le garder et accepter." Accepter d'être confiné pour retrouver au plus vite la liberté.
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