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"Ségur de la santé" : "Peu de gens le savent, mais les salaires de nos infirmières sont inférieurs à ceux du public", indique la Fédération de l'hospitalisation privée

"Nous ne voulons pas être oubliés", défend Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) alors que le gouvernement lance lundi une concertation sur l'hôpital. Il rappelle que le privé a aussi répondu "présent" pendant la crise du coronavirus.

Article rédigé par franceinfo
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Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), le 29 août 2019 lors de l'université d'été du Medef. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Ce lundi 25 mai, le gouvernement lance une grande négociation sur l'hôpital, nommée "Ségur de la santé" (du nom de l'avenue où se situe l'une des entrées du ministère de la Santé). 300 participants par visioconférence sont attendus. Parmi eux Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), qui rassemble plus de 1 000 cliniques et hôpitaux. En pleine crise de l'hôpital public, le représentant des établissement privés interrogé par franceinfo assure ne pas vouloir laisser l'hôpital public accaparer toute l'attention. Il demande que "ce 'Ségur de la santé' ne soit pas focalisé sur l'hôpital public". "Nous avons des revendications, des demandes et je les ferai entendre", ajoute-t-il.

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Certains affirment que les malheurs de l'hôpital public sont liés aux faveurs accordées au secteur privé. Qu'en pensez-vous ?

C'est complètement faux. En Île-de-France, sans le privé, ça aurait été compliqué parce que nous avons pris en charge plus de 25% des patients en réanimation, il ne faut pas l'oublier. Ce que je demande, c'est que ce "Ségur de la santé" ne soit pas focalisé sur l'hôpital public. Nous avons aussi nos difficultés et nos revendications. Nous ne voulons pas être oubliés. Je prends un exemple tout simple : il y a une prime pour les soignants donnée aux aides-soignantes, infirmières, de l'hôpital public sur un certain nombre de départements. Il avait été acté que nos soignants seraient aussi gratifiés par cette prime, à ce jour ce n'est toujours pas le cas. C'est vrai que nous avons des revendications, des demandes et demain, je les ferai entendre.

Ce n'est pas normal que nous restions toujours en marge et que l'on parle toujours de l'hôpital public. 

Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) 

à franceinfo

Les cliniques privées ont répondu présentes pendant cette crise. Que ce soit dans le Grand Est, dans l'Île-de-France, dans les Hauts-de-France, nous avons pris en charge 20 à 25% des cas de réanimations, et bien sûr en soins de suite et en réanimation, nous avons répondu présents. Sur tous les territoires, nous serons présents et nous avons des idées.

Quelles sont vos idées pour améliorer le fonctionnement de l'hôpital public ?

Je ne vais pas donner d'avis sur l'amélioration de l'hôpital public, je vais donner un avis sur la complémentarité qui doit se faire entre le public et le privé. Sous l'égide des territoires et de l'ARS qui est pour nous le garant, avec une neutralité sur les territoires. Bien sûr, il faut que l'on puisse avoir les moyens pour cette politique. Moyens pour l'investissement, moyens pour une politique sociale. Peu de gens le savent, mais les salaires de nos infirmières sont inférieurs à ceux du public.

On dit pourtant que les infirmières se détournent de l'hôpital public pour venir dans l'hôpital privé car elles sont mieux payées ?

Ce n'est pas pour une question financière, c'est peut-être pour des questions d'organisation. Peut-être sommes-nous plus souples, que nous pouvons adapter des plannings plus souplement.

Nous sommes soumis au droit du travail et pas au droit de la fonction publique, c'est quand même plus souple.

Lamine Gharbi

Et peut-être que comme nos services sont plus petits, que les managers sont plus proches du terrain, la taille fait que nous pouvons avoir cette souplesse. Et la différence fondamentale est que nos médecins sont des libéraux. Ils sont aussi leurs propres patrons. Dans une clinique vous avez le directeur de la clinique, mais aussi le médecin qui est responsable de ses actes, de ses malades et de son service. Le fonctionnement est beaucoup plus souple. Donc peut-être qu'il faut donner de la souplesse à l'hôpital public. Pour le privé, il faut de la complémentarité, du soutien à l'investissement, un soutien social et c'est vrai qu'il faut une équité. Sur la prime soignants, nous sommes aujourd'hui en fin de pandémie et nous espérons tous qu'elle ne reviendra pas. Mais si demain elle revient, nous serons devant nos personnels et si on ne les a pas remerciés par une revalorisation, que va-t-on leur dire ? On ne sera pas crédibles et ça sera d'une grande tristesse parce qu'ils ont joué le jeu. C'est bien d'applaudir les soignants à 20 heures, c'est magnifique, mais il ne faut pas les oublier. Et aujourd'hui c'est un peu ce qu'il est en train de se passer. Nous allons le rappeler demain.

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