Micro européen. Coronavirus, la Grèce est debout mais le système sanitaire est affaibli par la crise de la dette
Malgré dix années de souffrances dues à la crise et aux créanciers, les Grecs font face à l’épidémie.
Depuis le lundi 23 mars, 6 heures du matin, la Grèce est confinée, et tout manquement à ce confinement est passible d’une amende de 150 euros. Ainsi en a décidé le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, face à l’épidémie de coronavirus Covid-19 qui menace la partie continentale de la Grèce mais surtout les îles grecques.
Réaction rapide du Premier ministre face à l'épidémie
Tous les transports réduits et très contrôlés. Ainsi les transports sont réduits et très contrôlés, autant par voie de terre, d’air et de mer, et les arrivants en Grèce sont confinés pour une durée de 14 jours avec interdiction de sortie de leur lieu de résidence.
Pour les résidents, seule les sorties à caractère essentiel sont autorisées. Ces mesures prises par le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, n’ont pas choqué les Grecs et même ont été encouragées. Ainsi, ce récent Premier ministre, élu en juillet dernier, vient de marquer sa présence politique en Grèce, alors que de nombreux grecs et observateurs "attendaient" ce nouveau Premier ministre sur sa gouvernance.
Mais l’exemple de l’Italie a du accélérer la décision de Kyriakos Mitsotakis, soit une réaction rapide face à la situation sanitaire de la Grèce, où son système hospitalier et médical a été plus qu’affaibli depuis la crise économique et financière de 2008, et ce durant 10 ans. Le système sanitaire grec est fortement endommagé par la crise de la dette. Pour Kyriakos Mitsotakis, il s’agit de gagner du temps sur le temps.
2008, une injustice historique
Dès l’arrivée de la crise en Grèce, le pays a subi durant une décennie les décisions du FMI et de la Troïka, ruinant la Grèce et les Grecs, détruisant le tissu économique, éducatif, sanitaire, provoquant la fuite de Grecs vers l’étranger, entre autres de nombreux médecins ; ce fut un véritable laboratoire d’eugénisme économique qui a fait s’écrouler notamment le système sanitaire grec, avec à la manœuvre bon nombre de positions anti-grecques en Europe, surtout venant de Berlin, des Pays-Bas et des pays scandinaves.
Ainsi le service public très impacté se trouve au bord de la ruine, la Grèce par exemple, ne possède que la moitié des lits de la moyenne européenne, et est en pénurie de tout ce qui peut aider à combattre l’épidémie de coronavirus. Pour Kyriakos Mitsotakis, la bataille d’au moins deux mois a commencé.
Mitsotakis et l’église grecque
Il faut dire que les Grecs, ayant subi la crise de 2008 font preuve de discipline et de solidarité, y compris chez les insulaires. Et dans ce pays où l’église n’est pas séparée de l’état, Kyriakos Mitsotakis a dû affronter les autorités religieuses qui, en pleine période de Carême, quand on sait que la fête de Pâques est la plus importante de l’Orthodoxie, refusaient la fermeture des églises.
C’est chose faite, non sans mal, une nouvelle fois le Premier ministre a surpris le pays par sa fermeté. Même si pour certains, cette fermeté était évoquée comme un retour aux années de plomb de la dictature, l’ensemble de la population a compris qu’il n’y avait qu’une voie possible pour lutter contre l’épidémie. Pour l’heure, le gouvernement a annoncé l’embauche de 2 000 médecins et personnels hospitaliers par un contrat de deux ans.
La "bombe sanitaire"
C’est ainsi que s’est exprimé le porte-parole du gouvernement, Stelios Petsas, concernant les milliers de migrants dans les camps grecs, surtout dans l’île de Lesbos, 20.000 migrants, face au risque de propagation du virus, Accentué encore par la volonté du président turc, Recep Tayyip Erdoğan, d’ouvrir ses frontières. Ainsi les autorités grecques font face à un afflux de populations aux frontières avec la Turquie, terrestre, soit le nord de la Grèce, mais aussi maritime, soit les îles.
Pour Ankara, la crise avec la Grèce ne peut que continuer, et si l’on ne compte plus les provocations aériennes ou maritimes de l’armée turque, la pression des autorités d’Ankara pour procéder à des forages dans les zones économiques exclusives grecques ou chypriotes, déstabilisent cette zone de la Méditerranée orientale. Tout est bon pour le président turc de rendre la vie plus que difficile à Athènes qui doit faire face aujourd’hui à cette épidémie.
D’ailleurs la Turquie est aussi touchée par l’épidémie, elle serait plus largement dramatique en Turquie, et des "voix" non-autorisées signalent que plus de 300 personnes ont été arrêtées pour avoir diffusé des informations accablantes, dévoilant le vrai visage de la maladie à travers le pays. Les réseaux sociaux grecs rapportant des photos montrant des camions circulant aux abords d’Istanbul emplis de cercueils, semant naturellement la panique chez les Turcs. (source Panagiotis Grigoriou).
Pour l’heure, la police et l’armée grecque doivent faire face à la police et l’armée turque aux frontières, les engagements sont violents, et la Grèce a érigé un mur solide et de barbelés à sa frontière nord. La bombe sanitaire est prête à exploser en Grèce parmi les migrants, une bombe qui arrangerait bien le sultan.
Une guerre déclarée
Pour l’heure la guerre est déclarée en Grèce contre le coronavirus, souhaitons qu’une seconde avec la Turquie ne vienne pas encore plus affaiblir le pays qui pour l’instant "tient le coup" grâce à la force morale du peuple grec qui sait dire "Non" !... Et que ce soit en Grèce, en Italie ou en Espagne, la solidarité européenne reste une idée, rien qu’une idée…
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