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Surproduction de masques : il faut "privilégier les masques fabriqués par les entreprises françaises“ explique une organisation professionnelle du textile

La surproduction de masques a succédé au manque dans l'industrie textile française. Interrogé sur franceinfo mardi, le délégué général de la plus importante organisation professionnelle régionale textile de France Pierric Chavin attend désormais que les pouvoirs publics se tournent vers la production française dans les semaines à venir.

Article rédigé par franceinfo
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Pour Pierric Chalvin, le stock de masques fabriqués en France est "largement suffisant" pour répondre à la demande. (DAMIEN MEYER / AFP)

“Uniquement dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, on se retrouve avec un stock de 3 millions de masques finis et du tissu pour fabriquer 19 millions de masques” a expliqué sur franceinfo mardi 28 juillet Pierric Chalvin, délégué général d'Unitex Auvergne Rhône Alpes, la plus importante organisation professionnelle régionale textile de France.

Il explique que certaines entreprises ont dû licencier en raison de cette surproduction. “On a un peu d'amertume”, a-t-il notamment confié après les appels du gouvernement à fabriquer des masques en France et la situation de surproduction actuelle. Néanmoins, M. Chalvin espère que “l'Etat, les collectivités territoriales, les entreprises et les consommateurs que nous sommes vont privilégier les masques fabriqués par ces entreprises françaises”.

franceinfo : Le gouvernement estime qu'on pourrait avoir besoin de plusieurs centaines de millions de masques par semaine. Est-ce que vous avez de quoi remplir ces besoins si nécessaire ?

Pierric Chalvin : Aujourd'hui, on a déjà 22 millions de masques en stock fabriqués par les entreprises françaises sur le territoire national. Si on ajoute à ce chiffre les masques fabriqués en France, mais confectionnés à l'étranger, on atteint facilement les 100 millions de masques. On a donc un stock largement suffisant pour répondre à cette demande. Et s'il faut, les entreprises textiles peuvent se mobiliser pour à nouveau fabriquer des masques avec une cadence très importante.

Ces dernières semaines l'industrie textile est passée de la pénurie à la surproduction, concurrencée donc par des productions asiatiques. Est-ce que vous avez la certitude de pouvoir les vendre ?

On n'a jamais la certitude de pouvoir les vendre puisque c'est le marché qui dicte les commandes. Néanmoins, l’annonce du gouvernement incitant les entreprises à constituer des stocks de précaution, les masques obligatoires désormais dans les lieux clos ouverts au public, et l'annonce faite par le ministre de la Santé d'attribuer gratuitement 40 millions de masques aux plus précaires, on espère que les entreprises françaises vont être prioritaires dans le choix des masques.

Pour l'instant, vous n'avez pas eu de de garanties à ce sujet ?

On n'a aucune garantie, c'est à dire qu'on ne sait pas où le gouvernement va aller chercher ces 40 millions de masques. On espère simplement un minimum de transparence sur les sources d'approvisionnement.

On appelle de nos vœux que les entreprises françaises qui se sont mobilisées à l'appel du gouvernement pour fabriquer ces masques seront privilégiées.

Pierric Chalvin

à franceinfo

Comment avez-vous vécu les appels du gouvernement à produire des masques en France et l’arrivée de produits venant d'Asie sur le marché ?

On a un peu d'amertume. Néanmoins, les dirigeants des entreprises de textile françaises sont des industriels. Ils assument les risques. Alors, même s'ils font face à des stocks importants, je pense qu'à la fois l'Etat, les collectivités territoriales, les entreprises et les consommateurs que nous sommes vont privilégier les masques fabriqués par ces entreprises françaises qui ne sont pas plus chers que les masques jetables.

Est-ce que des entreprises telles que celles que vous représentez se sont trouvées avec des stocks de masques et de matière première sur les bras ?

Les deux. Uniquement dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, on se retrouve avec un stock de 3 millions de masques finis et du tissu pour fabriquer 19 millions de masques.

Redoutez-vous des licenciements ?

Il y a eu évidemment une mobilisation générale. Il y a eu des investissements importants. Il y a eu de la formation, il y a eu des heures supplémentaires, une réorganisation des chaînes de production.

Aujourd'hui, force est de constater que face à ces stocks, les entreprises doivent se réorganiser et parfois, licencier le personnel qu'elles avaient embauché pour faire face à cette demande.

Pierric Chalvin

à franceinfo

Il y a des ateliers de confection qui avaient été mis en place pour répondre à cette forte demande. Aujourd'hui, il n'y a plus de commandes et les entreprises doivent se séparer de ce personnel.

Est-ce que vous pensez que la fabrication de masques va s'installer malgré ces difficultés dans le paysage textile français ?

Oui, je pense qu'elle va s'installer. Il n'y aura pas autant d'acteurs qu'il y en a actuellement, mais il va y avoir des entreprises qui vont conserver cette fabrication de masques pour faire face aux épidémies et pandémies à venir, c'est certain.

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