Cet article date de plus de quatre ans.

Pénurie de masques : "Jérôme Salomon et Agnès Buzyn sont responsables et devront en rendre compte devant la justice", estime un syndicat d'infirmiers

La commission d'enquête du Sénat pointe la responsabilité du directeur général de la Santé dans la pénurie de masques dont a souffert la France au début de l'épidémie de Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Agnes Buzyn, ancienne ministre la Santé, et le directeur général de la santé Jérôme Salomon lors d'une conférence de presse le 28 mai 2018. Photo d'illustration. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, est mis en cause, par la commission d'enquête du Sénat sur la crise du Covid-19, dans la pénurie de masques dont a souffert la France au début de l'épidémie. Les sénateurs révèlent notamment que la direction générale de la Santé est intervenue pour faire modifier un rapport d'experts recommandant à l'État de se doter d'un stock d'un milliard de masque, or la France en a commandé dix fois moins. Avec "Agnès Buzyn, ils sont responsables et coupables et ils devront en rendre compte devant la justice", a expliqué ce jeudi sur franceinfo Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des personnels infirmiers (SNPI).

franceinfo : Est-ce pour des raisons budgétaires que le nombre de masques nécessaires n'a pas été commandé ?

Thierry Amouroux : Tout à fait. Nous avons des ministres et un directeur général de la Santé qui sont responsables et coupables de l'absence de matériel de protection pour les soignants et pour l'ensemble des Français. Ils ont détruit les stocks stratégiques qui avaient été conseillés antérieurement et du coup nous n'avons pas pu faire face lors de la première vague. Nous avons manqué de matériels et par manque de masques, de gants, de surblouses, cela a débouché sur des milliers de morts évitables en particulier dans les Ehpad. C'est ça qui est terrible.

Quels ont été les problèmes ?

Il y a eu à la fois le fait de passer d'un principe de précaution à l'idée qu'on lancera des commandes au dernier moment. Il y a eu aussi les deux mois stratégiques que nous a fait perdre Agnès Buzyn. Le premier à avoir lancé des masques est Olivier Véran lorsqu'il est arrivé. Ils ont été incapables d'anticiper alors que le virus frappait en Chine puis en Italie, les masques n'étaient toujours pas commandés.

Quelle est la responsabilité de Jérôme Salomon?

Elle est de la même nature que celle d'Agnès Buzyn. Ils sont responsables et coupables et ils devront en rendre compte devant la justice parce que c'est très grave. Il y a des milliers de morts derrière ces décisions.

N'est-il pas facile de dire aujourd'hui qu'il aurait fallu commander plus de masques alors qu'on avait pointé du doigt une commande excessive lors du H1N1 ?

La polémique était sur le nombre de vaccins, pas sur le nombre de masques. Malheureusement, nous professionnels de santé n'avons découvert l'absence de masques que quand le ministre s'est exprimé à l'Assemblée nationale au mois de mars. La santé n'a pas de coût. Les quelques millions d'euros économisés ont coûté 100 milliards à l'économie.

"Ces économies de bouts de chandelle ont conduit à des milliers de morts qui auraient pu être évités et au blocage de l'économie française."

Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI

à franceinfo

Le fait d'avoir quantité de masques chirurgicaux pour la population, et FFP2 pour les soignants, c'est un principe de base du principe de précaution et de gestion régalienne d'une épidémie. Gouverner c'est prévoir.

Avez-vous alerté à l'époque sur le manque de masques ?

Non parce qu'on restait sur l'idée du stock de 1,5 milliard de masques stratégiques qui étaient la réserve d'État. Jamais on n'aurait pu penser que des ministres et des hauts fonctionnaires soient aussi bêtes pour mettre en danger la vie de la population avec des économies de bouts de chandelle.

Faut-il plus de transparence ?

Oui, on a un vrai souci en la matière. Lorsqu'on s'est rendu compte qu'on n'avait pas assez de masques, l'attitude que l'on attendait du gouvernement c'était qu'il s'adresse à des adultes pour dire aux citoyens qu'on n'avait pas assez de masques et qu'on allait les réserver aux soignants et aux gens qui travaillent en contact avec la population. Il fallait expliquer qu'il y aurait de tutos en ligne. Dire que les masques ça ne sert à rien, et plus tard que les tests ne servent à rien, cela a perturbé la confiance des Français à tel point qu'aujourd'hui on a un discours anti-masque qu'on n'avait pas avant.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.