Lésions pulmonaires chez les malades du Covid-19 : "C'est la forme qui nous préoccupe le plus", prévient un pneumologue
Entre 15 et 20% des patients atteints par le coronavirus présentent des lésions pulmonaires d'après François-Xavier Blanc, chef du service de pneumologie au CHU de Nantes. "C'est la forme qui peut amener les patients à être hospitalisés", explique-t-il.
Les lésions pulmonaires sont "la forme du Covid-19 qui nous préoccupe le plus, nous, médecins", et affectent entre 15 et 20% des patients, affirme jeudi soir sur franceinfo le professeur François-Xavier Blanc, chef du service de pneumologie au CHU de Nantes et membre du Groupe pour l'enseignement et la recherche en pneumo-infectiologie (GREPI).
franceinfo : Les lésions pulmonaires chez les malades du Covid-19 sont-elles courantes ?
François-Xavier Blanc : On ne peut pas dire que c'est très courant, mais c'est la forme qui nous préoccupe le plus, nous, médecins, et c'est la forme qui peut amener les patients à être hospitalisés. C'est à peu près 15 à 20% de l'ensemble des patients. On peut le suspecter sur un symptôme-clé qui est l'essoufflement, le manque d'air, et puis on peut le documenter, le prouver, en faisant un scanner pulmonaire. Tous les stades graves sont forcément hospitalisés, car au-delà d'une certaine atteinte pulmonaire, les patients vont être tellement essoufflés qu'ils vont avoir besoin d'oxygène.
Est-ce qu'on s'en remet ?
Sur cette maladie, on a encore relativement peu de recul, puisqu'on est à peu près à six mois des premiers cas et du suivi de ces patients. Néanmoins, les lésions pulmonaires liées au Covid-19 sont un peu les mêmes que celles qu'on observait auparavant avec des grippes sévères. Donc on a cette comparaison possible avec les patients ayant séjourné en réanimation dans les années précédentes à cause de grippes. Et on sait que cette récupération peut être assez lente et peut s'étaler sur plusieurs mois. Les pneumologues recommandent que ces patients soient extrêmement surveillés et suivis. On propose notamment un suivi systématique à trois mois de l'hospitalisation initiale, à ceux qui ont eu besoin d'être hospitalisés à cause d'un manque d'oxygène, pour mesurer leurs capacités pulmonaires et voir s'il existe ou pas des séquelles, afin de proposer éventuellement une réhabilitation respiratoire, ou un réapprentissage à une respiration correcte.
Y a-t-il un suivi pour ceux qui pourraient avoir des lésions pulmonaires sans avoir été hospitalisés ?
Ce suivi existe, mais il est plutôt dédié aux médecins de ville, aux médecins libéraux. Là, c'est le rôle-clé du médecin traitant, celui qui connaît le mieux son patient, et qui au moindre doute, en cas d'essoufflement un peu anormal ou de plainte inhabituelle, peut tout à fait adresser son patient à un pneumologue. C'est ce dernier qui va pouvoir mesurer la capacité pulmonaire du patient, voir comment les poumons fonctionnent réellement.
Êtes-vous en capacité de prendre en charge le suivi de tous les patients ?
On privilégie les patients qui ont eu l'atteinte initiale la plus sévère, car ce sont eux qui sont le plus à risque d'expérimenter des séquelles pulmonaires, après c'est un problème de nombre : on ne peut pas faire souffler dans des machines plus d'un certain nombre de patients, à cause des mesures de décontamination draconiennes entre chaque patient. Il y a un problème de capacité un peu limitée pour ces patients, néanmoins on étale le suivi sur quelques semaines, et pour l'instant on essaie de parer au plus pressé.
Pour l'instant, il n'existe pas de traitement spécifique pour faciliter la récupération respiratoire. La grande crainte des pneumologues est que ces séquelles aboutissent à une espèce de fibrose pulmonaire, c'est-à-dire à un poumon qui respirerait beaucoup moins bien, comme une cicatrice à cet endroit. Mais pour l'instant, on a encore trop peu de recul pour affirmer cela de manière certaine.
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